Patrimoine culturel immatériel

Le savoir-faire horloger de BesançonLe savoir-faire horloger de Besançon

  • On a la chance de connaître une époque où l’évolution horlogère est toujours dans la plus pointue
  • j’ai su peut-être leur donner la passion qui me passionne moi …

C'est quoi ?

Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, même une bonne pendule peut avoir une heure de retard par jour. Les aiguilles des minutes et des secondes ne sont d’aucune utilité.

« Petite histoire de l'horlogerie bisontine

C'est au XVIIIe siècle que l'horlogerie est apparue à Besançon, lorsque les horlogers suisses, frappés par le chômage, se sont installés dans la capitale comtoise, tout juste conquise par la France. Laurent Mégevand y fonde alors la Manufacture d'Horlogerie Française, obtient l'appui de membres de la noblesse, et lance de nombreux ateliers de sous-traitance. L'industrie horlogère était lancée à Besançon, et était reconnue dans toute la France moins d'un siècle plus tard.
A partir de 1860, les productions bisontines sont en effet présentes dans les Expositions Universelles, une école d'horlogerie est fondée à Besançon.
A la fin du XIXe siècle, la ville compte près de 400 ateliers d'horlogerie; l'Observatoire est créé en 1882, et la recherche universitaire se sent de plus en plus concernée.


Atelier de la nouvelle école avenue Villarceau après 1932
Musée du Temps, Atelier de la nouvelle école avenue Villarceau après 1932


Ce n'est que dans les années 1970 que l'industrie horlogère de Besançon se met à décliner, face à la concurrence de la Suisse et de l'Extrême-Orient. D'autres domaines de recherches naissent alors, et la ville se spécialise dans les micromécaniques, les microtechniques, les nanotechnologies, l'optique et l'électronique. Ce secteur des industries de précision représente aujourd'hui 350 entreprises bisontines. […].
Au fil des siècles et des technologies, d'étranges montres et horloges ont vu le jour à Besançon. Citons par exemple la montre à remonter le temps, dont les aiguilles tournent à l'envers, la montre à une seule aiguille, la montre à deux faces... […] »

Longtemps considérée comme la capitale française de l'horlogerie, Besançon se distingue aujourd'hui par son savoir-faire dans le domaine des industries de précision.

Mouvement de montre
©Ooh collective - Mouvement de montre

Les étapes de travail de l’horloger

Le travail de l’horloger peut être divisé en deux parties :

  • la réparation d’un appareil horaire (montre, pendule, horloge etc…).
  • la conception et réalisation d’un mécanisme horloger ; la mise au point d’un mécanisme avant industrialisation ; ou encore la création de prototypes.

Dans le premier cas, après avoir diagnostiqué la panne, l’horloger est parfois amené à fabriquer une ou plusieurs pièces défectueuses ou manquantes, et à restaurer le mécanisme de montres ou pendules anciennes dans le respect de l’art (dans le choix des matières, les propriétés des métaux, les formes des matériaux, les styles et finitions). Il assure ensuite le réglage plus ou moins chronométrique selon les souhaits et critères des clients. Le réglage chronométrique pour une montre mécanique consiste à tolérer au maximum 5 secondes de variations sur 24 heures ; Il faut le faire certifier par un centre assermenté et agréé comme l’observatoire de Besançon).

S’ensuit une période d’observation afin de s’assurer du bon fonctionnement des mécanismes après révision. Cette période peut durer entre une semaine et un mois, voire plus selon la complexité du mécanisme.

Quantième perpétuel avec phase de lune
©Ooh collective - Quantième perpétuel avec phase de lune

Pour la conception d’un mécanisme horloger,

Premièrement, il faut définir :

  • un volume (forme carré, ronde etc.…, la circonférence ou le diamètre et l’épaisseur).
  • le type de mécanisme (à remontage manuel ou automatique, à tourbillon…).
  • le type d’indication (heures, minutes, secondes, jours, mois, années, phases de la lune, chronographe, indicateur de réserve de marche, quantième perpétuel…).
  • le mode de lecture, analogique (à aiguilles révolutionnaires ou rétrogrades) numérique (disques ou rouleaux)…

Deuxièmement, il faut définir 4 organes principaux de la montre :

  • la fréquence de l’organe régulateur (balancier spiral) 3 hertz, 4 hertz… Plus la fréquence est élevée (plus le réglage de la précision chronométrique sera affiné et moins son autonomie sera longue).
  • le choix de l’organe de distribution (l’échappement à ancre, coaxial, à détente…). Il est principalement composé de 2 éléments : la roue d’échappement et l’ancre. Il transmet l’énergie provenant du rouage au balancier spiral, et dans ses mouvements alternés (le tic tac de la montre) il entretien l’oscillation de ce même balancier.
  • l’organe de transmission (le rouage ou l’engrenage) :

Le nombre de roues est défini selon l’autonomie recherchée, les indications que l’on veut donner et l’encombrement dans la montre.

Le diamètre des roues et pignons varie selon le nombre et la finesse des dents (pour les roues) ou des ailes (pour les pignons).

Le nombre de dents de chaque roue et pignon est défini selon la vitesse de rotation de chaque mobile qui permettront les indications que l’on veut donner (heures, minutes, secondes…). Pour une roue qui fait un tour en une minute, on peut l’assortir d’une aiguille qui nous indiquera les secondes.

Le profil des dents est choisi selon le rendement, le jeu d’engrenage ou encore la fonction de la roue.

  • L’organe moteur (le barillet) est un ressort lame compressé dans une chambre (le tambour), une extrémité du ressort est attaché à un axe fixe (l’arbre de barillet) et l’autre est attaché à la paroi intérieure du tambour. Ce tambour est assorti de dents à l’extérieur qui engrènent avec la première roue de l’engrenage. Quand le ressort se dévide, il provoque un mouvement de rotation au tambour qui entraîne le rouage.

L’épaisseur et la hauteur du ressort sont définies selon la force nécessaire pour faire tourner le mécanisme et la longueur selon la réserve de marche souhaitée.

Partie d’un mouvement à tourbillon démonté et un barillet ouvert
©Ooh collective - Partie d’un mouvement à tourbillon démonté et un barillet ouvertavec le ressort de barillet sorti de sa chambre

La phase de la construction :

  • Le dessin : chaque élément de la montre doit être dessiné sous tous les angles et défini sur plan avec des cotes précises (dessin industriel).
  • Le choix des matériaux est important pour limiter les frottements (perte d’énergie), l’usure (fiabilité), et pour définir les forces (pour un ressort…).
  • Le calcul des forces (ressorts), du rendement du rouage et de la transmission de l’énergie, du rapport de vitesse des roues, de l’autonomie de la montre, de la fréquence du balancier, du taux d’usure des matériaux en frottement (laiton sur acier, acier sur corindon (rubis)…).
  • Il faut ensuite définir la disposition de chaque élément en fonction de son rôle et de l’espace limité.

La phase de réalisation :

Cette phase comportant différentes étapes se fait sur plaque ou tige de métal (laiton, acier, durnico, or, …) :

  • Pointages, traçage, détourage de chaque point de fixation et de pivotement des éléments à fabriquer.
  • A l’usinage : perçage, taraudage, découpage, fraisage, limage de chaque pièce (ponts, platines, leviers, ressorts…) taillage des dents des roues, tournage, pivotage et roulage des axes, filetage des vis…
  • Traitements thermiques des aciers : trempe, revenu, recuit…
  • Finitions : polissage, satinage, microbillage, perlage, traits tirés de long, anglage…

A l’assemblage de chaque pièces il faut riveter les axes sur les roues et tout autres mobiles, ajuster des rubis (les paliers dans lesquels pivotent les axes) dans les ponts et platines, des goupilles de guidage et d’ajustement.

La dernière phase est celle de l’assemblage :

  • ajustement et mise au point de l’ensemble.

« Après quelques corrections si il y a lieu, la montre est sensée faire tic-tac, et vous rappeler que le temps passe et que l’être vivant trépasse, la dure réalité de la vie mais passionnante à ne pas s’en lasser… » (Bruno LAVILLE, Maître-horloger).

L’horloger sur son tour procédant au décolletage d’une tige en laiton
©Ooh collective - L’horloger sur son tour procédant au décolletage d’une tige en laiton

Ça se passe où ?

Besançon, est chef-lieu du Doubs et de la région Franche-Comté. Ses habitants sont les Bisontins.

Un brin d’évasion

L’astrolabe, en mer

L’astrolabe est un instrument de mesure représentant une carte du ciel sur laquelle des cadrans mobiles visualisent les mouvements des différents corps célestes.

Il est déjà connu en Grèce antique où son nom astrolabus signifie instrument pour prendre la hauteur des astres. Il est introduit en Occident par les astronomes arabes vers 970.

Jusqu’à la Renaissance, les astrolabes étaient très utilisés par les érudits et les savants mais aussi par les astrologues qui dressaient des horoscopes. Ce n’est qu’au XVe siècle qu’ils commencent à être fabriqués en Europe (Allemagne, France).

L’instrument est tenu à la main et porté à hauteur de l’œil afin de permettre la visée d’un objet céleste (Soleil, Lune ou étoile) La lecture d’angle par rapport à l’horizon s’effectuaient alors directement sur les graduations du limbe.

C’est cette fonction qui sera utilisée en navigation et conservée sous une forme simplifiée connue sous le nom d’astrolabe nautique. Ce sont les marins portugais qui, à partir de 1485 y apportent des progrès décisifs et adaptent l’astrolabe à la navigation en mer. Il restera alors un des principaux instruments de navigation jusqu’au XVIIIe siècle.

Cependant, en raison d’une lecture difficile et d’une verticalité capricieuse selon le roulis, il lui sera, en Occident, préféré un simple quart de cercle gradué qui sera couramment utilisé dans la navigation dès le XVe siècle. Mais les informations complémentaires qu’apportent l’astrolabe (positions d’étoiles, informations complémentaires d’heure…) lui préserveront une place à bord pendant les deux siècles qui suivirent.

Un brin d'histoire

Besançon

« Dans la guerre des Gaules, Jules César cite Vesontio, première appellation officielle de Besançon. Au IVe siècle, un B remplace le V de Vesontio, le nom de la ville devient Besontion ou Bisontion, puis subit plusieurs transformations pour donner Besançon en 1243.

[…]

Besançon
©Ooh collective, Besançon

L’Antiquité. La ville actuelle a recouvert le site antique de Vesontio et les informations que nous possédons sont fournies par les travaux des archéologues, depuis le XIXe siècle. […]

A l’époque gauloise. Place forte naturelle, principale ville de la région, Vesontio possède des ressources abondantes. L’habitat gaulois primitif, situé dans la partie Est de la boucle, est souvent lié à une activité artisanale (poteries, fonderies, forges). Une nécropole, près du secteur marécageux de Chamars, marque sans doute la limite de cet habitat. La cité occupe également une partie de la colline, probablement fortifiée par un mur de défense.

A l’époque gallo-romaine. Choisie par Jules César en 58 avant Jésus-Christ dans un but stratégique, Vesontio a dès cette époque des fonctions multiples : capitale de la tribu gauloise des Séquanes, citadelle militaire et carrefour d’échanges de la Gaule romaine. Les Romains occupent la ville, l’agrandissent et l’embellissent. Du Ier au IIIe siècle, Vesontio s’étend […]. De nombreux vestiges témoignent de l’importance de la ville jusqu’à son déclin, à la fin du IIIe siècle […]. A la suite de troubles graves aux IIIe et IVe siècles, une bourgade plus modeste se substitue à la grande cité gallo-romaine […].

Le Moyen Age. Une des plus importantes cités de la chrétienté sous l’épiscopat d’Hugues de Salins (1031-1067), la ville est marquée, du XIIe au XIVe siècle, par un fort essor urbain. Les habitants obtiennent leur charte de franchise en 1290, et le développement des quartiers, partagés entre habitat et institutions civiles et religieuses, se fait à partir du point stratégique capital que représente le passage du Doubs au pont Battant.

Une ville libre et impériale. Après les invasions barbares, Besançon fait partie de la Burgondie, qui se divise peu à peu en duché de Bourgogne (actuelle Bourgogne) et comté de Bourgogne (actuelle Franche-Comté). En 1032, elle est rattachée au Saint Empire romain germanique. Grâce à l’appui et à la protection de l’empereur, l’archevêque de Besançon devient le seigneur de la cité. La ville se libère ainsi du comté de Bourgogne. Le XIe siècle est caractérisé par une réorganisation des communautés ecclésiastiques ainsi que par une importante campagne de constructions et reconstructions des édifices religieux. […]

La conquête des libertés communales. En 1290, après un siècle de lutte contre les archevêques, Besançon obtient de l’empereur d’Allemagne son indépendance. Désormais, elle se gouverne grâce à un conseil de vingt-huit notables élus au suffrage universel et de quatorze gouverneurs désignés par les notables, tout en restant soumise à l’autorité suprême de l’empereur. […]

La protection des ducs de Bourgogne. Au XVe siècle, les ducs de Bourgogne, devenus maîtres de la Franche-Comté, sont les « protecteurs » de la ville libre impériale que reste toujours Besançon. C’est pour la cité une période de prospérité. […]

La Renaissance. Besançon, ville libre de l’Empire germanique, est protégée par Charles Quint et connaît sous son règne l’une des périodes les plus prospères de son histoire.
La paix du XVIe siècle favorise la renaissance artistique et entraîne une mutation de la cité, en nette rupture avec le Moyen Âge.

La protection de Charles Quint. En 1519, Charles Quint, roi d’Espagne, devient empereur d’Allemagne. Il est à ce titre maître de la Franche-Comté et de Besançon, cité germanique francophone. Malgré trois grandes pestes, Besançon connaît une progression démographique importante. […] En 1535, des négociants et banquiers génois obtiennent le droit de tenir dans la cité des foires de change, qui deviennent un centre de la finance et du crédit européens.
Cet essor économique s’accompagne d’une véritable renaissance artistique.

La ville au XVIe siècle. […] Le centre n’est pas entièrement construit et garde un aspect rural avec jardons, vergers, étables, écuries et surtout vignobles (la vigne était à cette époque considérée comme « la vraie substance de la cité »). Les grands espaces non bâtis soulignent aussi l’importance de l’élevage. […] Anoblis et bourgeois se font construire de beaux hôtels particuliers. Les artistes auxquels ils font appel modifient ainsi, peu à peu, l’aspect des anciens quartiers.
Près de l’église Saint-Pierre, le symbole du pouvoir communal : l’hôtel de ville, est érigé. […]

Le siècle de Louis XIV. Par la conquête de la Franche-Comté en 1674, Louis XIV donne une fonction spécifique à Besançon : capitale provinciale. La volonté royale décide de grands travaux de construction et d'embellissement, les projets d'urbanisme sont nombreux et le plan de la ville s'en trouve remanié.

De la ville-État à la ville dans l'État. En 1555, Charles Quint donne la Franche-Comté à son fils Philippe II, roi d'Espagne. Besançon reste ville libre impériale, sous la garde du roi d'Espagne. En 1598, Philippe II fait don de la province à sa fille, épouse d'un archiduc autrichien. Guerres, famines, troubles internes et pestes marquent le début du XVIIe siècle, et la Franche-Comté est entraînée dans la guerre de Trente Ans. Après la guerre, l'Espagne redevient maîtresse de la Franche-Comté et Besançon perd son statut de ville libre impériale.

Le rattachement à la France. En 1667, Louis XIV, marié à Marie-Thérèse d'Espagne, réclame la Franche-Comté au titre de l'héritage de son épouse. Après une première campagne, en 1668, Besançon est définitivement conquise en 1674. En 1678, le traité de Nimègue réunit la Franche-Comté à la France. Le parlement, l'université sont transférés de Dole à Besançon, capitale provinciale, qui est placée sous l'administration d'un intendant et devient aussi siège du gouvernement militaire.

Une impulsion nouvelle. L'importance stratégique de Besançon et son essor démographique lui permettent d'accéder au statut de capitale provinciale. Vauban fait édifier la citadelle, des casernes et reconstruit les fortifications. Besançon devient ainsi l'un des points d'appui fortifiés qui protègent les frontières de la France […]

Le XIX° siècle. Le XIXe siècle est caractérisé par le développement des industries textile et horlogère (le Suisse Laurent Mégevand fonde la première manufacture de montres en 1773) […].

Besançon aujourd'hui. A l’approche de l’ère industrielle, les habitations essaiment dans les faubourgs, et des ponts sont jetés sur le Doubs. Les grandes voies de communication routières, ferrées et fluviales déterminent un nouvel axe est-ouest autour duquel apparaissent les nouveaux quartiers urbains. […] Avec l’explosion urbaine contemporaine (de 1945 à 1975, la population double), Besançon continue sa métamorphose en direction de l’enjeu de l’aménagement urbain : conserver un centre historique vivant, actif et dynamique. Pour ce faire, la ville développe d’importantes opérations d’aménagement : ainsi s’ébauche le patrimoine de demain. »

Besançon est Ville d'art et d'histoire depuis le 14 février 1986.

L'horlogerie à Besançon

Ecole Nationale d’horlogerie,Besançon 1928-1929
Ecole Nationale d’horlogerie, Besançon 1928-1929

La ville de Besançon est empreinte de ce passé horloger et grand nombre de ses bâtiment sont ornés d’un cadran solaire (l'église de la Madeleine, temple du Saint-Esprit, fort Chaudanne). La cathédrale Saint-Jean abrite l'horloge astronomique, considérée comme l'une des plus élaborées au monde, et on peut découvrir des productions bisontines, des horloges comtoises mais aussi des sabliers ou encore des productions modernes au Musées du Temps, situé dans le palais Granvelle.

Un brin de poésie

Statue de Victor Hugo à Besançon
©Ooh collective, Statue de Victor Hugo à Besançon

A mademoiselle Louise B.
Victor Hugo (1802-1885), recueil Les chants du crépuscule.


L'année en s'enfuyant par l'année est suivie.
Encore une qui meurt ! encore un pas du temps ;
Encore une limite atteinte dans la vie !
Encore un sombre hiver jeté sur nos printemps !

Le temps ! les ans ! les jours ! mots que la foule ignore !
Mots profonds qu'elle croit à d'autres mots pareils !
Quand l'heure tout à coup lève sa voix sonore,
Combien peu de mortels écoutent ses conseils !

L'homme les use, hélas ! ces fugitives heures,
En folle passion, en folle volupté,
Et croit que Dieu n'a pas fait de choses meilleures
Que les chants, les banquets, le rire et la beauté !

Son temps dans les plaisirs s'en va sans qu'il y pense.
Imprudent ! est-il sûr de demain ? d'aujourd'hui ?
En dépensant ses jours sait-il ce qu'il dépense ?
Le nombre en est compté par un autre que lui.

A peine lui vient-il une grave pensée
Quand, au sein du festin qui satisfait ses voeux,
Ivre, il voit tout à coup de sa tête affaissée
Tomber en même temps les fleurs et les cheveux ;

Quand ses projets hâtifs l'un sur l'autre s'écroulent ;
Quand ses illusions meurent à son côté ;
Quand il sent le niveau de ses jours qui s'écoulent
Baisser rapidement comme un torrent d'été.

Alors en chancelant il s'écrie, il réclame,
Il dit : Ai-je donc bu toute cette liqueur ?
Plus de vin pour ma soif ! plus d'amour pour mon âme !
Qui donc vide à la fois et ma coupe et mon coeur ?

Mais rien ne lui répond. - Et triste, et le front blême,
De ses débiles mains, de son souffle glacé,
Vainement il remue, en s'y cherchant lui-même,
Ce tas de cendre éteint qu'on nomme le passé !

II

Ainsi nous allons tous. - Mais vous dont l'âme est forte,
Vous dont le coeur est grand, vous dites : - Que m'importe
Si le temps fuit toujours,
Et si toujours un souffle emporte quand il passe,
Pêle-mêle à travers la durée et l'espace,
Les hommes et les jours ! -

Car vous avez le goût de ce qui seul peut vivre ;
Sur Dante ou sur Mozart, sur la note ou le livre,
Votre front est courbé.
Car vous avez l'amour des choses immortelles ;
Rien de ce que le temps emporte sur ses ailes
Des vôtres n'est tombé !

Quelquefois, quand l'esprit vous presse et vous réclame,
Une musique en feu s'échappe de votre âme,
Musique aux chants vainqueurs,
Au souffle pur, plus doux que l'aile des zéphires,
Qui palpite, et qui fait vibrer comme des lyres
Les fibres de nos coeurs !

Dans ce siècle où l'éclair reluit sur chaque tête,
Où le monde, jeté de tempête en tempête,
S'écrie avec frayeur,
Vous avez su vous faire, en la nuit qui redouble,
Une sérénité qui traverse sans trouble
L'orage extérieur !

Soyez toujours ainsi ! l'amour d'une famille,
Le centre autour duquel tout gravite et tout brille ;
La soeur qui nous défend ;
Prodigue d'indulgence et de blâme économe ;
Femme au coeur grave et doux ; sérieuse avec l'homme,
Folâtre avec l'enfant !

Car pour garder toujours la beauté de son âme,
Pour se remplir le coeur, riche ou pauvre, homme ou femme,
De pensers bienveillants,
Vous avez ce qu'on peut, après Dieu, sur la terre,
Contempler de plus saint et de plus salutaire,
Un père en cheveux blancs !

Petit abécédaire

Astrolabe : instrument de mesure astronomique très ancien et représentant, en plan, une carte du ciel sur laquelle des cadrans mobiles visualisent les mouvements des différents corps célestes. Il est aussi utilisé pour faire des relevés astraux, et donc pour connaître l’heure.

Autonomie : c’est la réserve de marche de la montre.

Balancier : anneau métallique, tenu par les bras, dont les oscillations régularisent le mouvement du rouage des montres. L’équilibre du balancier constitue le moment d’inertie.

Barillet : boîte cylindrique fermée par un disque circulaire denté, qui tourne librement sur un arbre. Le barillet contient les ressorts moteurs de la montre. Armé manuellement ou automatiquement, le barillet tourne lentement et entraîne le rouage de la montre.

Chronographe : complication qui permet, en ajoutant au centre du cadran une aiguille, de mesurer une durée directement sur une montre.

Echappement : mécanisme, généralement une roue, placé entre le rouage et l’organe régulateur, le balancier spiral, de la montre. Il a pour fonction d’entretenir les oscillations de cet organe régulateur.

Echappement à ancre : même mécanisme que précédemment mais dont la forme est semblable à une ancre de marine. Il est utilisé aujourd’hui pour la quasi-totalité des montres et des chronomètres.

Echappement coaxial : système qui réduit les frictions entre l’ancre et la roue. La précision chronométrique de la montre est nettement améliorée.

Engrenage : Dispositif de transmission d’un mouvement au moyen de roues dentées. Deux roues dentées s’engrènent lorsque le mouvement de l’une entraîne celui de l’autre.

Mégevand, Laurent (1754–1814) : d’origine suisse, il fonde à Besançon la première manufacture de montres en 1773. Considéré comme le pionnier de l’industrie horlogère de Besançon, il s’installe dans la ville le 21 août 1793.

Phases de la lune : apparences sous lesquelles la lune se présente à nos yeux pendant la durée de sa révolution autour de la terre. La nouvelle lune est la phase dans laquelle la lune se trouve placée entre le soleil et la terre, et nous offre sa phase obscure. La pleine lune est la phase dans laquelle la terre se trouve placée entre le soleil et la lune, et où celle-ci nous montre sa face éclairée toute entière.

Pignon : pièce dentée du rouage de la montre, en acier trempé et poli.

Quantième perpétuel, calendrier perpétuel : affichage de la date, du jour et du mois qui tient compte des années bissextiles.

Rouage : ensemble de roues tel que le mouvement de l’une entraîne le mouvement de toutes les autres. Dans une montre, c’est l’ensemble des roues et des pignons qui, à partir du barillet, transmet la force motrice à la roue d’échappement.

Temps : grandeur mesurée par comparaison à un mouvement jugé uniforme et irréversible. Cette mesure se place sur deux plans : celui de la durée des phénomènes, chronométrie, qui consiste à évaluer des intervalles de temps entre deux phénomènes, celui de la succession, chronologie qui consiste à situer un phénomène par rapport à un instant origine et par référence à un « avant » et un « après ».

Tic tac : onomatopée indiquant le bruit régulier produit par une chose dont le mouvement est réglé. Le tic tac est caractéristique de l'horlogerie mécanique. Il est lié à l'échappement, innovation décisive qui permet le développement de l'horloge mécanique à compter de la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. L'échappement a pour but d'entretenir et de compter les oscillations du pendule d'une horloge ou du balancier d'une montre, en laissant échapper alternativement, à gauche puis à droite, une dent de la roue d'échappement, provoquant ce bruit caractéristique de "tic tac".

Tourbillon : mécanisme horloger inventé par Abraham-Louis Breguet en 1795 pour compenser les erreurs de précision dues aux effets de la pesanteur sur le balancier et le spiral des montres de poches.

Sources

PARVULESCO, Constantin. - L'heure en mer : Une histoire de chronomètres. - ETAI Ed., 2010, 175 p.

FLORES, Joseph. - Perpétuelles à roue de rencontre : Montres automatiques, une page d'histoire. - Neo Ed., 2002, 167 p.

Royal Quartz. - Le petit dictionnaire illustré de l’horlogerie. - [en ligne], [réf du 06 sept. 2010], Disponible sur Internet : http://www.royal-quartz.com/dictionnaire.html

Site Besac. - L’horlogerie. - [en ligne], [réf du 06 sept. 2010], Disponible sur Internet : http://www.besac.com/tourisme-besancon/l'horlogerie/74.htm

Liens utiles

Site des musées de Franche-Comté : http://www.musees-franchecomte.com/

Site de la ville de Besançon : http://www.besancon.fr/

Site de l’Observatoire de Besançon : http://www.obs-besancon.fr/

Site de l’office de Tourisme et des Congrès de Besançon : http://www.besancon-tourisme.com/

Site de l’Association d’Etude, de Promotion et d’Enseignement des Musiques traditionnelles des pays de France : http://aepem.com/

Site de Julien Barbances : http://www.myspace.com/julienbarbances

Blog officiel du groupe La Machine : http://www.lamachine.info/

A écouter

Julien Barbances (musique) / La Machine (arrangement), Il est encore temps, Les Rôdeurs, A.E.P.E.M., 2005.