Patrimoine culturel immatériel

Le poupon baigneur à EtainLe poupon baigneur à Etain

  • elle accompagne les enfants tout au long de leur enfance voire après…

C'est quoi ?

La poupée existe depuis la nuit des temps. On la retrouve déjà dans des tombeaux d’enfants en Egypte, datant du XXe siècle avant J.-C.

Après de longues années de création de la Parisienne, poupée figurant une femme adulte, c’est en 1878, lors de l’Exposition Universelle de Paris, que le Français découvre un nouveau type de poupée, un bébé à la tête en biscuit qui représente l’enfant de 3 à 12 ans.

Le bébé classique ou de caractère aux traits expressifs de très jeune enfant (nouveau-né), a connu son apogée entre 1910 et 1940. Le poupon baigneur en celluloïd dont la fabrication française a démarré en 1924 a eu son heure de gloire dans les années 1930 à 1950. Il doit son nom de baigneur au fait qu’il est le premier à pouvoir être baigné.

Atelier Petitcollin aujourd’hui
©Ooh collective, Atelier Petitcollin aujourd’hui

Son histoire est liée à celle de la société Petitcollin. Atelier artisanal fondé vers 1860, l’entreprise a pour but premier de confectionner tout objet à base de celluloïd. Elle fabrique d’abord des objets et des accessoires de coiffure puis se lance début 1900 dans la création de jouets de type balles ou hochets. C’est en 1912 que la fabrication de poupées aurait démarrée. Détruite durant la guerre, l’usine est reconstruite et la production reprend dès 1924. « Entre 1924 et 1938 vont être réalisés les grands modèles de baigneurs en celluloïd, parmi lesquels le célèbre « Petit Colin » qui va devenir la première poupée destinée au plus grand nombre. Petitcollin, qui sera un des plus grands créateurs de baigneurs et de poupées, tant par la qualité que par la quantité, fut aussi l’un des principaux producteurs français de matières premières jusque dans les années cinquante, notamment de celluloïd. Le célèbre baigneur est toujours fabriqué à l’heure actuelle et détient certainement le record de longévité parmi les jouets sur le marché. »

Des poupées pour panser des blessures

Certains organismes tels que l’Unicef ou Médecins du Monde utilisent des poupées pour soulager la souffrance d’enfants battus, malades ou victimes de guerres.

Ça se passe où ?

Etain
©Ooh collective, Etain

Chef-lieu de canton de la Meuse, Etain se situe en Lorraine. La ville est un arrondissement de Verdun, sur l’Orne.

Un brin d’évasion

Les Parisiennes.

Ces poupées, modèles de silhouettes adultes féminines, ont servies à partir du XVIe siècle de modèle d’esthétisme, et ce jusqu’au XVIIIe. C’est essentiellement au XIXe siècle, que les Parisiennes, nommées ainsi car elles diffusaient la mode de la capitale, ont joué un rôle dans l’éducation des jeunes générations aristocrates qui apprenaient les codes vestimentaires, le bon comportement et affichaient ainsi leur appartenance sociale. Le raffinement de ces poupées est inégalé à ce jour. Les toilettes et accessoires aux multiples détails reflètent la mode de leur époque et les artisans mettent leur ingéniosité et leur savoir-faire à la disposition de la demande sans cesse croissante.

D’abord composées de bois et de chiffon, leur tête sera ensuite faite en biscuit (porcelaine mate cuite 2 fois) et le corps en peau ou en bois.

Les Parisiennes
©Ooh collective, coll. part. Samy Odin, Les Parisiennes

Un brin d'histoire

« Dans la plaine de la Woëvre couverte de forêts et d’étangs, les Romains édifient une villa, appelée STAIN ou STAGNUM.
Dépendant de l’abbaye de Saint Euchaire de Trèves depuis 765, le fief d’Estain est échangé aux Chanoines de la Madeleine de Verdun en 1221. Le comte Henri de Bar, prétendant avoir des droits sur la cité, reçoit la ville d’Etain et en fait une des sept prévôtés du Barrois non mouvant.
Dès le X° siècle, les invasions incessantes conduisent les habitants à édifier des fortifications ouvertes par quatre portes. Elles seront rasées à partir de 1635 sur ordre de Louis XIII.
A partir du XI° siècle, la commune d’Etain a sa vie propre et organisée. Le maire est élu pour une année, le lundi de Pentecôte. Le prévôt, officier du bailli, est chargé du bon ordre dans la prévôté d’Etain.
Le XVII° siècle est le plus néfaste pour la Lorraine et Etain. La région subit les incessants passages, pillages et massacres de plusieurs armées d’Europe. Les épidémies, la famine et les récoltes pillées accroissent le désastre. Etain ne compte plus qu’une quarantaine d’habitants en 1650.
[…] En 1766, le duché de Lorraine et donc Etain deviennent officiellement français. Etain subit en 1792 l’invasion prussienne.[...] Ils ne quitteront la ville que le 21 septembre 1873.[…]

La Première Guerre Mondiale. Le 24 août 1914, la ville est bombardée par les Allemands. […] La bataille d’Etain-Buzy fait échouer une attaque brusquée sur Verdun. Mais le repli de l’armée française permet aux Allemands de faire leur entrée dans Etain. Ils n’en sortiront que le 11 novembre 1918. […]

La reconstruction. A la fin de 1918, la population constate le désastre : une trentaine d’habitations sur 600 sont restaurables. Grâce à l’adoption de l’île de la Martinique et des dons du canton de Morteau, la population se remet courageusement à l’ouvrage, logée durant plusieurs années dans des baraques en bois sur le Champ de Foire.[…]

La Seconde Guerre Mondiale. En 1939, des escadrilles de chasse de la Royal Air Force s’installent sur le terrain d’aviation d’Etain-Rouvres, créé en 1936. Le 10 mai 1940, la Base est bombardée dès 4 heures. Les Allemands entrent dans Etain le 15 juin 1940 pour une nouvelle occupation de quatre ans […]. Le 1er septembre 1944, Etain est libérée par les troupes du Général Patton.

De l'après-guerre à nos jours. En 1953, l’O.T.A.N. décide l'agrandissement de la base aérienne d’Etain-Rouvres. En 1954, le premier Wing américain la rejoint. […] En 1967, le 94° R.I. s’installe sur la base. Il quitte Etain en 1980. Depuis, le 3° Régiment d’Hélicoptères de Combat reste le seul locataire.
Le 18 novembre 1989, un jumelage est scellé entre les villes d’Etain et de Düppenweiler (Sarre). »

Un brin de poésie

La Révolte des Joujoux
de Webel et Pingault, 1936.

On vient d'éteindre la lumière
Bébé succombe à son sommeil
Mais les joujoux très en colère
Dans leur placard tiennent conseil

Les joujoux font grève, ils en ont assez
D'être tracassés et fracassés
Le ballon qu'on crève
La poupée qu'on bat
Sont lassés des jeux et des combats

Le pompier n'a plus d'échelle
Le tambour est plein de trous
Le cheval n'a plus de selle
Et l'auto n'a plus de roue
Mais ils se soulèvent contre cet enfant
Il va voir comment on se défend

Le placard entrouvre sa porte
Ça grince un peu, ma foi tant pis
Et voilà que les joujoux sortent
Sautant sans bruit sur le tapis

Les joujoux discutent pour savoir comment
Ils vont préparer leurs armements
Pour mener la lutte un chef est nommé
C'est un vieil indien tout déplumé

Le pompier fourbit sa lance
Le tambour bat le rappel
Le cheval déjà s'élance
Le moment est solennel
Quittant leur cahute ils forment les rangs
Le mot d'ordre étant : "mort au tyran"

Le chef a dit marchons en ordre
Vers celui qui nous démolit
Pour le griffer et pour le mordre
Nous grimperons aux draps de lit

Mais l'enfant sommeille
Tendre et gracieux
Comme un chérubin tombé des cieux
Devant ces merveilles, les joujoux surpris
Se sont arrêtés tout attendris

Le pompier dit : "tout de même
Un bébé c'est bien gentil"
Le tambour dit :"moi je l'aime"
Alors ils sont repartis

Quand l'enfant s'éveille
Vers huit heures un quart
Les joujoux sont tous
Dans le placard !

Publicité Petitcollin
©Petitcollin, Publicité Petitcollin 1951

Petit abécédaire

Assembleur ou pastilleur : artisan dont le métier était d’assembler et d’habiller les poupées.

Opération d’assemblage
©Ooh collective, Opération d’assemblage

Baigneur : l’âge d’or du baigneur en celluloïd commence avec la fureur des bébés à caractère. Le celluloïd permettait pour la première fois de baigner son poupon. Cependant, cette matière étant inflammable, elle fut interdite en 1960 et remplacée par des matières plastiques ininflammables.

Bébés de caractère : c’est en 1908, à l’initiative de l’allemand Max Schreiber, qu’un nouveau type de poupée révolutionnaire s’impose en Occident : le bébé de caractère. Il avait été amorcé en France à la fin du XIXe par Emile Jumeau et Paul Girard. Ce poupon s’inspire de façon réaliste voire caricaturale des expressions boudeuses ou amusées des enfants.

Bimbelotiers: fabricants et vendeurs de bibelots et premiers fabricants de poupées.

Biscuit : porcelaine mate cuite 2 fois, utilisée dans la fabrication des têtes de poupées.

Doudou : « (Allemagne), 1902: Richard Steiff fabrique en 1902 un ours-jouet en peluche de mohair d'après des croquis qu'il a exécutés au Zoo de Stuttgart. […] Le 55 PB est né, et c'est sans doute le premier ours en peluche du monde. Ses articulations sont encore rudimentaires, et il présente toutes les caractéristiques des vrais ours […] (New-York), 1903 : Rose et Morris Michtom s'inspirent d'une caricature de Clifford Berryman pour créer un ours articulé en mohair. Le dessin, publié dans le Washington Star en Novembre 1902, représente le président Théodore Roosevelt (surnommé Teddy) refusant de tirer sur un ourson qu'on lui présente après une chasse infructueuse. Si Américains et Allemands se disputent la paternité de l'ours en peluche, son nom anglais, Teddy Bear, est bien une idée de Morris Michtom. »

Ebavurage : étape permettant d’éliminer les défauts des pièces moulées.

Frozen Charlie : premier poupon à tête en porcelaine, fabriqué en Allemagne, il voit le jour en 1880.

Gigoteur : Poupon parlant, il dit « papa, maman » et comporte un mécanisme d’horlogerie qui lui fait bouger les bras et les jambes (breveté en France par Jules Nicolas Steiner en 1875).

Nankin : Nom retenu par les Français pour désigner les premiers poupons qu’ils découvrirent lors de l’exposition Universelle de Londres en 1851. Ce nouveau genre de poupées venait d’Extrême-Orient.

Petitcollin : créée en 1860, c’est la plus ancienne et la dernière fabrique française de poupées encore en activité.

Petit Colin : modèle le plus célèbre de baigneur français en celluloïd, créé par la société Petitcollin en 1926, il est encore fabriqué aujourd’hui.

Poupard : poupées rudimentaires emmaillotées, faites de carton bouilli et peintes grossièrement, elles étaient vendues par des colporteurs à très bas prix.

Rotomoulage : procédé permettant la fabrication par rotation des pièces creuses des poupées (têtes et membres).

Rotomoulage
©Ooh collective, Rotomoulage

Yeux dormeurs : brevet déposé par Petitcollin en 1931. Les yeux du poupon peuvent désormais s’ouvrir et se fermer.

Sources

ODIN, Samy. - Par amour pour les poupées : Histoire de la collection Odin au Musée de la Poupée-Paris. - Reveries Ed., 2008, 256 p.

CHAUVEAU, Elisabeth / LACROIX, Yvan. - Petitcollin, le baigneur de notre enfance : histoire d’une fabrique de poupées et de jouets depuis 1860. - Dauphin Ed., 2006, 202 p.

ODIN, Samy. - Les poupées. - Du Chêne Ed., 2001, 128 p.

Liens utiles

Site de l’atelier Jouets Petitcollin : http://www.petitcollin.com/

Site du Musée de la Poupée à Paris : http://www.museedelapoupeeparis.com/

Site officiel de la ville d’Etain : http://www.ville-etain.fr/

Site sur l’Histoire du doudou : http://www.oursement-votre.com/

Site Gens de Lorraine : http://www.gensdelorraine.com/

A écouter

Gens de Lorraine, Soyotte, Musique traditionnelle, La musique en Lorraine vol. 3, 2000.