Patrimoine culturel immatériel

La Force basque à Saint-PalaisLa Force basque à Saint-Palais

  • on a réussi à communiquer par la force basque !
  • pour d’autres c’est du spectacle… Pour nous, c’est un Sport !
  • un jeune qui entre, si ça lui plaît, il se donnera à 200% !

C'est quoi ?

C’est dans le Pays basque que les hommes se défient en l’honneur de leur village dans des épreuves de force, qui tirent leur origine des travaux des champs et de la ferme. D’origine rurale, ce sont les travaux du printemps qui entraînent les concurrents pour les épreuves des différents festivals de Force basque durant l’été. Le plus célèbre, celui de Saint-Palais, est aussi celui qui voit se dérouler la finale qui va opposer 8 communes des provinces du Pays Basque Nord, la Basse Navarre, le Labourd et la Soule.

Cette finale comporte différentes épreuves :

Le tir à la corde ou soka tira : deux équipes de dix personnes chacune, tenant une corde de chanvre se font face, séparées par une ligne. Coachées par leur entraîneur qui impose un rythme, ils doivent à la force de leurs muscles, faire franchir la ligne à l’équipe adverse en tirant sur la corde.

Epreuve du tir à la corde
©Jacques Gomez, Epreuve du tir à la corde

Les porteurs de sacs ou zakulari : épreuve de course, elle met en compétition un représentant de chaque commune. Ils doivent pracourir 120 m le plus rapidement possible avec un sac de 76 kg sur le dos. Selon certains, cette épreuve serait née de la contrebande, lorsqu’il fallait franchir une zone le plus rapidement possible avec un sac chargé de produits de contrebande sur le dos.

Porteur de sacs
©Jacques Gomez, Porteur de sacs

Le lever de paille ou lasto altxari : le concurrent a deux minutes pour remonter un nombre maximum de fois une botte de paille de 45 kg fixée par une corde à une poulie attachée à 8 mètres de haut. Cette épreuve est aussi appelée celle du sonneur de cloche, car le corps du concurrent fait rapidement contrepoids. Cette épreuve symbolise le travail qui consiste à rentrer la paille dans les greniers.

Lever de paille
©Jacques Gomez, Lever de paille

Le lever de charrette ou orga joko : il s’agit de faire pivoter une charrette de 356 kg sur la cheville de son timon, c’est à dire de la faire tourner sur elle-même autant de fois que possible sans que les roues touchent terre, sachant qu’un tour fait 21,60 m. Les mêmes concurrents s’adonnent aussi au lever de pierre ou harri jasotzale (épreuve ne figurant cependant pas au festival de Saint-Palais). L’épreuve consiste à lever une énorme pierre et à l’équilibrer sur son épaule avant de la jeter à terre (le record dépasse largement les 300 kg). Une variante permet également de lever le plus grand nombre de fois une pierre, celle-ci étant alors moins lourde.

Lever de charrette
©Jacques Gomez, Lever de charrette

Les rencontres entre bûcherons sont des épreuves de rapidité :

Les scieurs de bois ou segari doivent, par équipe de deux, effectuer 8 coupes sur un billot de hêtre.

Scieurs de bois
©Jacques Gomez, Scieurs de bois

Les bûcherons qui manient la hâche ou aizkolari doivent, quant à eux, fendre à la hâche deux billots sur une longueur de 1,10 m.

Epreuve de bûcheron
©Jacques Gomez, Epreuve de bûcheron

Tous ces sports se sont développés à la période de la fin des travaux des champs, pour s’amuser, se défier, ou comparer ses forces.

« L’origine légendaire de la force basque a prit naissance à Markina, en Biscaye, dans un site étonnant : trois pierres dressées, colossales surplombent un autel. Et le tout se trouve inséré à l’intérieur d’une chapelle. C’est le sanctuaire de Saint-Michel d’Aretxinaga, où l’on se rend en pèlerinage le 29 septembre.

La superposition des mégalithes reviendrait à un certain Etxin, chef de clan en Euskadi, qui aurait lancé un défi aux Romains pendant leur guerre de colonisation. Après des essais de la part des occupants les plus musclés, seul Etxin aurait réussi à lever et à poser les uns contre les autres ces gigantesques blocs de roche. Et les Romains, pleins d’admiration envers cette démonstration de force, auraient rendu leur souveraineté aux Basques.

Depuis, toujours selon la mythologie populaire, les habitants des sept Provinces commémoraient, à l’insu de leur mémoire, ce haut fait en organisant des jeux de force…A la Saint-Michel, des hommes se défient toujours au cours de Gizon probak à côté de la chapelle d’Aretxinaga. »

Toujours est-il que l’organisation des festivals de la Force basque remonte à 1951 et l’un des responsables affirme que l’idée lui serait venue après avoir demandé à un homme de dégager l’entrée d’une ferme, bloquée par une charrette.

C’est en 1992 que naît la Fédération de la Force basque.

Ça se passe où ?

Saint-Palais, capitale de la Basse Navarre est située à 50 km à l’Est de Bayonne. La ville compte actuellement environ 2000 habitants et est le chef-lieu du canton d’Amikuze (pays de Mixe) qui comprend 26 communes.

Saint-Palais
©Ooh collective, Saint-Palais

C'est quand ?

Le festival de Saint-Palais, créé en 1951, se déroule le dimanche suivant le 15 août dans le respect de la tradition, malgré les nombreux spectacles de force basque organisés durant tout l’été dans le Pays basque.

Un brin d’évasion

Le Gouren

« Originaire des pays celtiques, le Gouren fut longtemps un exercice très prisé des guerriers bretons. Il a gardé de cette époque l'esprit chevaleresque qu'on retrouve aujourd'hui dans le serment prêté par les lutteurs avant chaque compétition.

Puis la pratique du Gouren se diffusa dans les campagnes où la force et l'habileté étaient tenues en haute estime. Ainsi toute fête était prétexte à des parties de Lutte.

En 1930, le Dr Charles Cotonnec, animé du désir de faire entrer le Gouren dans l'ère du sport moderne, crée la FALSAB chargée d'organiser et de codifier les luttes.[…]

Combat de gouren
©Véronique Le Velly, Combat de gouren

Le gouren est un sport qui se pratique uniquement debout. Le but est de marquer un Lamm, c’est à dire de projeter son adversaire sur les 2 épaules. Les lutteurs accrochent leurs mains dans la roched (chemise), au dessus de la ceinture (celle ci comprise). Avec leurs pieds ils peuvent faire des fauchages, barrages, balayages, ou des kliked (enroulés de jambe). Les attaques de jambes doivent rester en dessous de la ceinture.

Lors des projections, l’attaquant est obligé d’accompagner la chute de son adversaire, afin d’assurer sa sécurité et par la même occasion le résultat. Toute violence est proscrite, tant verbale (intimidation, insulte) que physique (coup, étranglement, clés,...). Le refus de combat est sanctionné, un lutteur doit en permanence attaquer, contre attaquer ou se laisser attaquer.

Combat de gouren
©Véronique Le Velly, Combat de gouren

Le serment est prêté par tous les lutteurs avant chaque rencontre, […] d’abord en breton puis en français. A la fin de celui ci, ils font l’accolade au lutteur situé en face d’eux. »

Le serment en breton

M’hen tou da c’houren gant lealded
Hep trubarderez na taol fall ebet
Evit ma enor ha hini ma bro
E testeni eus ma gwiriegez
Hag evit heul kiz vad ma zud koz
Kinnig a ran d’am c’henvreur ma dorn ha ma jod.

Sa traduction en français

Je jure de lutter en toute loyauté
Sans traîtrise et sans brutalité
Pour mon honneur et celui de mon pays
En témoignage de ma sincérité
Et pour suivre la coutume de mes ancêtres
Je tends à mon adversaire ma main et ma joue.

Un brin d'histoire

Saint-Palais

Appelée Donapaleu en basque, Saint-Palais est une « ville neuve », "Irriberri". De fondation royale, sa datation est incertaine. Elle se situerait entre1196 (année de "l'annexion" du Pays de Mixe et de l'Ostabarret à la Navarre) et 1228 (date du démantèlement des remparts de la ville neuve d'Ostabatpar Sanche VII le Fort). Située sur un grand axe de communication Nord-Sud à quelques encablures du point frontière des territoires du royaume de Navarre et des vicomtés de Béarn et de Soule, la ville revêt dès le Moyen Age une importance stratégique pour la Navarre. Tête de district de Basse Navarre, elle faisait partie de l’ancien royaume de Navarre dont la capitale était Pampelune. Après la perte de Pampelune en 1512, les rois de Navarre se sont repliés sur la zone Nord de leur territoire et la commune est devenue le siège administratif du royaume.

En 1351, Charles II de Navarre dit le Mauvais, autorisa la construction d’un atelier monétaire qui fonctionna jusqu’en 1672, ce qui donna beaucoup d’importance à la ville. A sa création, Saint-Palais comptait environ 300 habitants, dont 100 travaillaient à la Monnaie (60 faisaient fondre le métal et 40 frappaient des écus et pièces d’argent à l’effigie de Henri de Navarre et de Louis XIII. Les derniers écus furent frappés à l’effigie de Louis XIV).

En 1462, Jean II d'Aragon créa un marché bimensuel et une foire annuelle le jour de la Saint Bathélémy (24 août) et octroya à la ville l'exemption de péage, développant ainsi l'attrait commercial de la ville.

A partir de la scission de la Navarre en 1512, et ce jusqu'en 1789, le réduit Bas Navarrais continua a être administré par les rois de Navarre, qui conservèrent le même système monarchique, à caractère "constitutionnel". Saint-Palais en devint la capitale administrative : les EtatsGénéraux y siègèrent le plus souvent, comme la Chancellerie de Navarre, cour suprême du royaume qui fut remplacée en 1624 par une Sénéchaussée.

Après la Révolution, Saint-Palais fut tête de district de la Basse Navarre

Un brin de poésie

La maison de mon père (Nire aitaren Etxea), 1963
Gabriel Aresti (1933-1975).

La maison de mon père
je la défendrai
contre les loups,
contre la sécheresse,
contre le lucre,
contre la justice,
je la défendrai,
la maison de mon père.
Je perdrai mon bétail,
mes prairies,
mes pinèdes,
j'y perdrai
les intérêts,
les rentes,
les dividendes,
mais je défendrai
la maison de mon père.
On m'ôtera les armes
et je la défendrai avec mes mains
la maison de mon père.
On me coupera les mains
et je la défendrai avec mes bras
la maison de mon père.
On me laissera sans bras,
sans poitrine et je la défendrai avec mon âme
la maison de mon père.
Moi je mourrai
mon âme se perdra
ma famille se perdra
mais la maison de mon père
durera
debout.

Traduction: Jean Haritschelhar / Mattin Larzabal

Petit abécédaire

Aizkolari ou bûcherons qui manient la hâche : Dans cette épreuve, les concurents doivent fendre à la hâche deux billots sur une longueur de 1,10 m.

Biscaye (la) : c’est une des trois Provinces basques d’Espagne, dont la capitale est Bilbao.

Euskal herria : Pays basque.

Harri jasotzale : épreuve du lever de pierre. Cette épreuve consiste à lever une énorme pierre et de l’équilibrer sur son épaule avant de la jeter à terre ou alors de lever le plus grand nombre de fois une pierre de moindre poids. Cette épreuve n’est pas disputée au festival de Saint-Palais.

Herri kirolak : la Force basque.

Lasto altxari : épreuve du lever de paille. Le concurrent doit, en deux minutes, remonter un nombre maximum de fois une botte de paille de 45 kg fixée par une corde à une poulie attachée à 8 mètres de haut.

Orga joko : épreuve du lever de charrette. Le but est de faire pivoter un maximum de fois sur la cheville fixe du timon une charrette de 356 kg sans que les roues touchent le sol.

Soka tira : épreuve du tir à la corde. C’est l’épreuve la plus célère de la Force basque.

Segari ou scieurs de bois : par équipe de deux, les concurrents doivent effectuer huit coupes sur un billot de hêtre.

Zakulari : épreuve des porteurs de sacs. Les concurrents doivent franchir le plus rapidement possible une distance de 120 m avec un sac de 76 kg sur le dos.

Sources

MARLIAVE DE, Olivier. - Fêtes et traditions du Pays basque. - Editions Sud Ouest, 1998, 188 p.

Fédération de Gouren, Comité National de Gouren de la F.F.L. - Le Gouren. - [réf. du 05 Sept. 2010], [Document en ligne], Disponible sur Internet : http://acfm-mongolie.fr/doc pdf/Gouren_present.pdf

Liens utiles

Site de l’office du tourisme de Basse-Navarre : http://www.tourisme-saintpalais.com/

Site de la Fédération de Gouren : http://www.gouren.com/

Site de la Compagnie Lagunarte : http://www.lagunarte.org

A écouter

Duo Hiriart & Ithursarry, Berterretxen kantoria, CD démo Cie Lagunarte, 2006.