Patrimoine culturel immatériel

Les coulonneux de LaonLes coulonneux de Laon

  • « Je regardais les pigeons voyageurs passer »
  • « Quand vous voyez un pigeon que vous avez aimé et qui revient sous la canicule dans un temps record, on l’embrasse, on a la larme à l’œil »
  • « Quand un jeune colombophile arrive, on lui donne un pigeonneau, et s’il est passionné on continue à l’aider, la transmission se fait comme ça »

C'est quoi ?

L’attachement de l’homme pour le pigeon remonte à bien longtemps. Alors que les eaux recouvraient encore la terre, Noé aurait lâché une colombe qui serait revenue à l’arche avec un rameau d’olivier, annonçant ainsi la fin du déluge. Dans l’Antiquité, les Perses auraient mis en place un réseau de transmission de pigeons voyageurs entre l’Inde et l’Égypte, les Grecs les utilisaient pour envoyer des informations concernant les Jeux olympiques et Pline l’Ancien raconte dans son Histoire Naturelle que les Romains bâtissaient des tours à pigeons, témoignant ainsi de l’élevage pour le commerce et la stratégie.

©Ooh collective


©Ooh collective

Le pigeon est ensuite très largement utilisé comme messager de guerre et messager d’amour, mais c’est en 1789, avec la suppression des privilèges que l’élevage du pigeon se multiplie. Au début du XIXe siècle, la Belgique et le Nord de la France prennent activement part à la création du pigeon moderne en utilisant des techniques de sélection, et le terme de colombophilie apparait vers 1875. Porteur de courriers, le pigeon est emporté sur des bateaux afin de transmettre des nouvelles à ceux qui sont restés sur terre.
Au cours des deux Guerres Mondiales, le pigeon voyageur est utilisé par les armées et soumis à un entraînement intensif. Dès 1914, les pigeonniers fixes sont remplacés par l’araba, un autobus à impériale transformé en pigeonnier, permettant ainsi l’avancée ou le recul selon la progression des troupes. Certains pigeons sont devenus de vrais héros.
Bien qu’à moindre échelle, le pigeon voyageur est encore utilisé aujourd’hui comme messager reliant une île à la terre, par certains hôpitaux afin d’envoyer des produits d’analyse au laboratoire ou dernièrement par la NASA afin de réduire les risques de fuite des renseignements.
C’est vers 1800 que le sport colombophile se développe. Le pigeon voyageur, véritable sportif peut parcourir jusqu’à 1000 km dans la journée. Il existe trois types de courses :

  • Le concours de vitesse qui consiste à lâcher son pigeon à une distance de 50 à 250 km du colombier.
  • Le concours de demi-fonds dans lequel le pigeon parcourt une distance variant entre 250 et 500 km.
  • Le concours de fonds dans lequel le pigeon est lâché à une distance de 500 km à 1000 km du colombier.

Comme tout sportif, le pigeon reçoit un entraînement qui peut être parfois quotidien et se retrouve surveillé sur le plan diététique.
La colombophilie est avant tout une passion qui requiert patience et savoir-faire afin de maîtriser les croisements, l’élevage, le dressage, l’entraînement, la reproduction...
Les coulonneux sont organisés en sociétés regroupées en fédérations

Ça se passe où ?

Laon est le chef-lieu du département de l’Aisne, dans la région Picardie, mais la colombophilie s’est également développée dans les départements du Nord et du Pas-De-Calais.

©Ooh collective, Laon
©Ooh collective, Laon

Un brin d’évasion

Les courses d’escargots

L’être humain et son esprit compétitif a toujours jeté de nombreux défis sportifs aux animaux. Ainsi l’on trouve les célèbres courses de chevaux, de chiens, de pigeons ou de dromadaires, mais certaines, moins illustres, semblent directement provenir de l’imagination et du plaisir enfantin.

C’est en Belgique, à Cointe près de Liège que s’est déroulé le deuxième championnat du monde de courses d’escargots en 2008 sous le contrôle d’un représentant officiel de la Fédération Européenne des courses d’escargots et du pilote automobile Marc Duez.
Après avoir été marqués d’un signe distinctif, les escargots sont gentiment pressés à grimper le long d’une perche de 42,195 cm et si possible de battre le record de 3 minutes et 52 secondes établi en France à Langres lors de la première édition.
Sous une pluie incessante pour le grand bonheur de nos mollusques compétiteurs, les concurrents les appâtent avec des feuilles de salade afin d’accroître leur motivation. Deux cents candidats venus de nombreux pays (France, Italie, Principauté de Monaco, Guatemala ou encore Argentine) se sont présentés. Le meilleur temps enregistré a été de 5 minutes et 7 secondes, le record reste donc imbattu, mais patience et longueur de temps...

Un brin d'histoire

Histoire de la ville de Laon

« L’occupation de la ville haute ne débute qu’avec l’époque gallo-romaine, vers les années 40 à 30 avant Jésus-Christ. Laon n’était pas un chef-lieu de cité à l’époque romaine mais saint Remi de Reims en fit un évêché au tout début du VIe siècle.

Site défensif reconnu, la ville devient un enjeu stratégique important dès le haut Moyen Âge. Résidence privilégiée des derniers rois carolingiens, ceux-ci y trouvent un refuge dans leur lutte contre les précurseurs des Capétiens.

Bien que moins fréquentée par les souverains de la nouvelle dynastie, ces derniers n’en continuent pas moins à surveiller de près la cité. Ainsi, Louis VI vient châtier les acteurs de l’insurrection communale de 1112, révolte au cours de laquelle l’évêque est tué par les bourgeois de la ville.

Endommagée par un incendie, la Cathédrale carolingienne est remplacée par une construction gothique à partir de 1150. La ville atteint alors son apogée.

©Ooh collective, Cathédrale de Laon
©Ooh collective, Cathédrale de Laon

Ceinte de puissants remparts, Laon abrite, outre la cathédrale et son quartier canonial, trois grandes abbayes, seize églises paroissiales, deux commanderies, mais aussi le Palais Royal implanté au centre de l’isthme formé par le plateau. Les faubourgs implantés en ville basse ont surtout une activité agricole, fortement tournée vers la production du vin.

Le pays subit les ravages de la Guerre de Cent Ans, pendant laquelle les Anglais incendient l’Abbaye Saint-Vincent (1359). La Renaissance y apporte son souffle, dont témoignent quelques édifices.

Les Temps modernes voient cependant se confirmer un certain déclin amorcé dès la fin du Moyen Âge. À la fin du XVIe siècle, la ville paie son attachement à la Ligue, opposée à l’avènement de Henri IV au trône. Le roi, vainqueur, n’hésitant pas à faire raser tout un quartier, ordonne en effet l’édification d’une citadelle pour punir et mieux surveiller les habitants.

De nombreux monuments sont construits ou remaniés aux XVIIe et XVIIIe siècles, comme le cloître et les bâtiments conventuels de l’abbaye Saint-Martin. Plusieurs établissements religieux changent d’affectation lors de la Révolution. L’ancienne Abbaye Saint-Jean accueille ainsi la préfecture du nouveau département de l’Aisne. La ville se modernise au XIXe siècle. Le chemin de fer s’y implante en 1857, et ses vocations scolaire et militaire sont renforcées par la construction de nouveaux bâtiments. Très touchée par les occupations de 1870 et de la Première Guerre mondiale, les bombardements de 1944 causent aussi d’importants dégâts. Néanmoins, le coeur historique reste relativement préservé des destructions.

C’est surtout dans l’après-guerre que les faubourgs se développent et que de nouveaux quartiers sont créés. Ces faubourgs concentrent aujourd’hui la majorité des presque trente mille habitants de la ville et des activités économiques. »

Ville de Laon. -Découvrir Laon. -[réf. du 30 août 2011], [en ligne], disponible sur internet : http://www.ville-laon.fr/fr/decouvrir/index.html

Un brin de poésie

Poèmes de Marguerite Clerbout

Branche solitaire dans le jour

une branche solitaire dans le jour
… la nuit venue au moins clair de ses feuilles,
elle est chargée d’oiseaux

une branche solitaire dans le jour
… la nuit venue au moins clair de ses feuilles,
elle est chargée d’étoiles

Pour un nuage violet, Editions Rougerie, 1984

V’la les coulonneux

(J. Lelaure – Landermar)

Les coulonneux quand ils parlent de leurs oeufs, les coulonneux is sont toudis joyeux
Les coulonneux les jeunes comme les vieux, les coulonneux ce sont des gins heureux

Diminch’matin dins min gardin, éd’bonne heure euj’sus là, j’attinds
J’arvient d’Clermont ou d’Survilliers, j’ai m’n’oeuil pointé su’l’pigeonnier
J’voudros qu’min pigeon soit à l’heure, j’ai préparé min constateur
Si j’pouvos faire un bieau tchiot prix, j’in s’rai contint et fier eud’mi
Toute eul’semaine euj’n’arrête point, j’in ai toudis tout plein les mains
Eum’femme eum’fait que dire ainsi, « j’cros qu’t’as plus quer tes pigeons qu’mi »
Y a min gosse qui jue du clairon, ch’est qu’i peur à mes coulons
Ch’quien qui’n’arrête pas d’aboyer, j’peux vous dire que je suis pas gâté.
Si je compte binj’in’ai caillé, j’cros qui vont produire euch’t’année
Min tchiot magot au bas d’ma côte, sur’mint qui vont avoir la côte
Quo qu’y a plus bieau qu’mes coulons ? Quo qu’y a plus malin qu’mes coulons ?
Sur mes épaules is sont tout’l’temps, car mes pigeons ch’est mes infants
Quand i’y’a eune exposition, euj’choisis min plus bieau pigeonv Diminch’matin’n’a qui rouspète, in ravisant les étiquettes
L’journaliste qui prind des photos, et timps un temps i bot un cop
Ch’est formidape d’être coulonneux, ch’te refrain là j’l’ai fait pour eux.

©Ooh collective, Paniers pour pigeon
©Ooh collective, Paniers pour pigeon

Petit abécédaire

ARABA : colombier mobile utilisé par l’armée.

BOULIN : pot de terre ou trou dans un colombier pour permettre au pigeon d’y nicher.

COLOMBOPHILE : éleveur de pigeons voyageurs. L’étymologie du mot provient de colombus et –phile, qui signifie : « qui aime le pigeon ».

COLOMBOPHILIE : élevage de pigeons voyageurs

COULON : « pigeon » en picard

COULONNEUX : colombophile

FUIE ou FUYE : fenêtre d’envol des pigeons voyageurs

HÉLICICULTURE : élevage des escargots.

PIGEONNIER : bâtiment aménagé pour l’élevage de pigeons, plus modeste que le colombier

VEUVAGE : Le veuvage est une tactique de compétition qui consiste à séparer le mâle de sa femelle afin qu’il ait envie de venir la retrouver rapidement.

Liens utiles

LOBJOIS, Dominique. -Jeux traditionnels et populaires de Picardie et du Nord Pas-de-Calais. -Editions Engelaere, 2008, 216 p.

MESSIANT, Jacques. -Pigeon vole : et autres jeux d'animaux. -Editions Nord Avril, 2006, 116 p.

CRASSET, Matali. -Le pigeonnier contemporain : capsule. -Editions Pyramyd/Artconnexion, 2004, 24 p.

Liens utiles

Site de la ville de Laon : http://www.ville-laon.fr

Site de la fédération colombophile française : http://www.colombophiliefr.com/

Site de la fédération colombophile de l’Aisne : http://www.colombophile-du-02.com/

Site de l’office de tourisme du Pays de Laon : http://www.tourisme-paysdelaon.com

Site du réseau des bibliothèques de Laon : http://biblio.ville-laon.fr

Site de l’artiste Matali Crasset : http://www.matalicrasset.com/

Site naturAgora : http://www.naturagora.fr

Site du musée colombophile militaire : http://www.colombophiliefr.com/Colombophilie/mtvalerien.htm

À écouter

Jean-Jacques Révillion, Un jour à la promenade, Chants traditionnels du Nord de la France : Elève toi donc belle, 2006