Patrimoine culturel immatériel

Les facteurs d'orgues de Rambervilliers

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C'est quoi ?

Le métier de facteur d’orgues demande sans doute l’un des savoir-faire les plus exigeants. Pas étonnant, car le roi des instruments ne se laisse pas approcher comme ça. Chaque orgue est unique et exige de nombreuses connaissances tant artistiques que techniques : le facteur se doit de maîtriser le dessin, la menuiserie, la serrurerie et bien entendu la musique afin de pouvoir accorder l’instrument.

©Manufacture Vosgienne de Grandes Orgues

Les grandes étapes de la fabrication d’un orgue :

• Le dessin : étape de création qui définira la cohérence et l’harmonisation de l’instrument. Chaque élément aura une répercussion sonore ou esthétique dans la fabrication.
• Le sommier : confection du sommier, caisse contenant les mécanismes essentiels et supportant la tuyauterie. Il est composé de cadres, de chapes et de la laye qui est la réserve d’air du sommier.
• L’alimentation : construction de différents réservoirs à plis associés aux sommiers permettant les variations et compensation des pressions du moteur ventilateur
• La console : construction des claviers et du pédalier, boutons de registres.
• Création de la mécanique des jeux et des notes.
• Fabrication des différents tuyaux : tuyaux en bois, en métal
• Conception des buffets
• Montage
• L’harmonisation et accord

Ça se passe où ?

La ville de Rambervillers est située dans le département des Vosges et la région de Lorraine.

©Ooh collective, Rambervillers

Un brin d’évasion

Bien qu’en Occident, l’orgue soit l’instrument à vocation religieuse par excellence, en Chine, dans la ville de Xi’an, c’est un ensemble d’instruments à vent et à percussion qui a pour vocation d’accompagner des célébrations religieuses.

« L’ensemble d’instruments à vent et à percussion de Xi’an, qui sont joués depuis plus d’un millénaire dans l’ancienne capitale chinoise de Xi’an, dans la province du Shaanxi, est un genre musical associant tambours et instruments à vent, parfois accompagnés d’un chœur d’hommes. Le répertoire se rapporte en général à la vie locale et aux croyances religieuses et la musique est jouée principalement lors d’événements religieux, telles que cérémonies funèbres ou foires dans le temple. Cette musique est de deux types : une « musique de chambre » et une « musique de marche », laquelle comprend notamment une partie de chœurs. La musique de marche rythmée par les tambours, qui accompagnait traditionnellement les voyages de l’empereur, est aujourd’hui devenue le domaine des agriculteurs et elle est jouée uniquement en plein air, dans la campagne. L’orchestre de musique des tambours est composé de trente à cinquante membres, parmi lesquels des paysans, des enseignants, des retraités et des étudiants. Cette musique a été transmise de génération en génération et uniquement de maîtres à apprentis. Les partitions sont écrites dans un ancien système de notation, datant des dynasties Tang et Song (du VIIe au XIIIe siècles). Environ trois mille pièces musicales sont répertoriées et quelque cent cinquante recueils de partitions manuscrites sont préservés et encore utilisés aujourd’hui. »

Unesco. -L’ensemble d’instruments à vent et à percussion de Xi’an. -[réf du 31 août 2011], [en ligne], disponible sur internet : http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&RL=00212

Un brin d'histoire

Histoire de Rambervillers

La ville de Rambervillers a été fondée par le moine Rambert de l’abbaye de Senones. En 1248, elle est agrandie par Jacques de Lorraine et devient une ville fortifiée. Au XVe siècle, la ville subit de nouveaux remaniements notamment avec la construction de son église, des halles puis un siècle plus tard de sa mairie dans laquelle on peut admirer un escalier à vis unique dans la région. Incendiée en 1557 par les Allemands, la ville subit par la suite de violents combats. Elle reçoit en signe de reconnaissance de son mérite la Légion d'Honneur et des Croix de Guerre 14-18 puis 39-45.

La croissance industrielle du textile, du bois, du papier et de la construction métallique permet un développement spectaculaire de la ville au cours du XXe siècle.

Avec le déclin du XXIe siècle, la ville se diversifie et développe ses activités autour du tourisme et des services à la personne

Fondée en 1750, la Manufacture des Grandes Orgues de Rambervillers est la plus ancienne manufacture d'orgues au monde encore en activité.

©Manufacture Vosgienne de Grandes Orgues

L'histoire de l'orgue

Le plus ancien orgue connu est l’hydraule, un orgue hydraulique. Créé par Ctesibios, barbier et mathématicien d’Alexandrie au IIe siècle av. J.-C., il n’est composé que de quelques tuyaux et de touches grossières. En Occident, l’apparition de l’orgue se fait à l’époque carolingienne, mais c’est au XIIe siècle qu’il se développe considérablement, tant au niveau des tuyaux qui se multiplient que de l’étendue du clavier ou de la puissance de la soufflerie. Deux siècles plus tard, l’orgue, devenu un instrument imposant, se voit placé en tribune dans les églises et petit à petit il acquiert la possibilité d’isoler et de mélanger les jeux par tirage de registre qui jusque-là fonctionnaient tous en même temps.
C’est à cette époque que le grand orgue classique voit le jour. Il connaitra par la suite diverses évolutions selon les pays et les écoles de facture, mais restera fidèle aux grands principes de base établis alors.

Un brin de poésie

L'orgue de barbarie

Moi le joue du piano
disait l'un
moi le joue du violon
disait l'autre
moi de la harpe moi du banjo
moi du violoncelle
moi du biniou...moi de la flûte
et moi de la crécelle
Et les uns les autres parlaient parlaient
parlaient de ce qu'ils jouaient.
On n'entendait pas la musique
tout le monde parlait
parlait parlait
personne ne jouait
mais dans un coin un homme se taisait:
"et de quel instrument jouez-vous monsieur
qui vous taisez et qui ne dites rien?"
lui demandèrent les musiciens.
"Moi je joue de l'orgue de Barbarie
et je joue du couteau aussi"
dit l'homme qui jusqu'ici
n'avait absolument rien dit
et puis il s'avança le couteau à la main
et il tua tous les musiciens
et il joua de l'orgue de Barbarie
et sa musique était si vraie
si vivante et si jolie
que la petite fille du maître de la maison
sortit de dessous le piano
où elle était couchée endormie par ennui
et elle dit:
"Moi je jouais au cerceau
à la balle au chasseur
je jouais à la marelle
je jouais avec un seau
je jouais avec une pelle
je jouais au papa et à la maman
je jouais à chat perché
je jouais avec mes poupées
je jouais avec une ombrelle
je jouais avec mon petit frère
avec ma petite sœur
je jouais au gendarme
et au voleur
mais c'est fini fini fini
je veux jouer à l'assassin
je veux jouer de l'orgue de Barbarie."
Et l'homme prit la petite fille para la main
et ils s'en allèrent dans les villes
dans les maisons dams les jardins
et puis ils tuèrent le plus de monde possible
après quoi ils se marièrent
et ils eurent beaucoup d'enfants.
Mais
l'aîné apprit le piano
le second le violon
le troisième la harpe
le quatrième la crécelle
le cinquième le violoncelle
et puis ils se mirent à parler parler
parler parler parler
on n'entendit plus la musique
et tout fut à recommencer!

Jacques Prévert

Petit abécédaire

ANCHE ou JEU à ANCHE : Famille de jeux d'orgue où le son est produit par la vibration d'une languette (l'anche), le tuyau servant de résonateur.

BEDOS DE CELLES, Dom François : moine bénédictin et facteur d'orgues français (Caux, Hérault, 1709 – abbaye de Saint-Denis 1779). Il rédigea l'Art du facteur d'orgues (3 vol., 1766-1778), qui demeure aujourd'hui l'ouvrage de base inégalé en ce domaine, réédité et étudié par tous les facteurs d'orgues.

BOMBARDE : Trompette de 16 ou de 32 pieds. On réserve généralement la bombarde de 32 pieds à la pédale. Elle peut également désigner le nom d'un clavier qui dans les grands instruments possède un tel jeu.

BOUCHE : Ouverture d'un tuyau à la jonction du corps et du pied délimité par la lèvre inférieure et la lèvre supérieure.

BOURDON : Nom réservé en France essentiellement à des jeux de 8 ou 4 pieds placés aux claviers manuels. Mais il peut être aussi de 32 ou 16 pieds. Tuyau à taille moyenne.

CLAVIER : Ensemble des touches actionnées par les mains (clavier manuel) ou par les pieds (pédalier). L'orgue peut comprendre plusieurs claviers, chacun correspondant à une palette sonore différente en fonction des esthétiques et des époques. Chaque clavier peut jouer de façon indépendante. Mais il est également possible de faire sonner l'ensemble des claviers grâce aux dispositifs d'accouplements ou de tirasses : le Grand-Orgue, le Positif, le Récit, la Bombarde, l' Echo et la Pédale.

CONSOLE : C'est le poste de commandement de l'orgue. Elle regroupe les claviers, le pédalier , les tirants de registre, les tirasses , les accouplements et autres mécanismes utilisés par le jeu l'orgue. Placée dans une fenêtre, la console peut également être séparée, tournée vers l'autel ou former un meuble indépendant.

COR DE NUIT : Bourdon à sonorité très atténuée, le plus doux de l’orgue. Tuyaux à taille large.

CTÉSIBIOS D’ALEXANDRIE : On lui doit le plus ancien orgue connu (IIIe siècle av. J.-C). Portant le nom d’hydraule, il ne comporte que quelques tuyaux mis en œuvre par l'intermédiaire de touches grossières.

ÉTAIN : Principal métal employé pour la construction des tuyaux. Son pourcentage peut varier suivant la sonorité désirée entre 5 et 95 %.

FLÛTE À CHEMINÉE ou bourdon à cheminée : Jeu bouché dont la calotte est surmontée d’une cheminée plus ou moins large et haute.

FONDS : Ensemble des jeux à bouche qui donnent la base sonore de l'orgue. On y distingue quatre familles : les principaux, les bourdons, les flûtes et les gambes.

GRAND ORGUE : désignation du plan sonore principal de l'orgue.

HARMONISATION : Action de mettre en harmonie. L'harmonisation d'un orgue consiste à donner à chaque tuyau une sonorité propre voulue par le facteur d'orgues. Ne pas confondre harmoniser et accorder.

JEU : Rangée de tuyaux de construction et de timbre identiques placés sur un même registre, le nombre de tuyaux correspondant au nombre de notes du clavier (sauf pour les jeux de mutations) . Par extension nom du tirant ou registre placé sur la console . (jeu à anche, jeu bouche, jeu mutation, jeu harmonique)

MARCHE : Nom donné aux touches du clavier de pédale.

MONTRE : Jeu constitué de principaux de 8, 16 ou 32 pieds, placé en façade ou "en montre".

ORAGE : Effet que l'on retrouve sur certains instruments du XIX° siècle. Il consiste à enfoncer simultanément des notes graves du pédalier, ce qui provoque un grondement comparable au tonnerre.

PÉDALIER : Ensemble de touches actionnées par les pieds de l'organiste.

©Ooh collective, Pédalier

SOMMIER : Caisse de plan rectangulaire en une ou plusieurs parties, contenant les mécanismes essentiels et supportant la tuyauterie.

SOUFFLERIE : Ensemble des appareils fournissant l'air. Elle comprend des soufflets cunéiformes jusqu'au XVIIIe puis à tables parallèles, des réservoirs chargés d'emmagasiner l'air à une pression donnée par les poids qui compriment leur partie supérieure, un régulateur qui est chargé de régler l'entrée de l'air, des portes vents, conduits généralement en bois qui portent l'air aux diverses parties de l'orgue. L'ensemble est alimenté par une soufflerie électrique ou ventilateur.

TREMBLANT : Mécanisme modifiant les jeux de l'orgue et produisant un effet de tremblement, de vibrato.

VIOLE D’AMOUR : Jeu de gambe de 4 pieds

VIOLE DE GAMBE : Jeu de 8 ou parfois de 16 pieds qui imite le son des instruments à cordes.

VOIX CÉLESTE : Gambe composée de deux tuyaux par note légèrement désaccordés l’un par rapport à l’autre, ce qui produit des battements et une sonorité ondulante. S’utilise avec une gambe de 8 pieds.

VOIX HUMAINE : Jeu d’anche acoustique dont le corps rappelle celui du cromorne mais en partie bouché. (anche plus importante que le pavillon, anche de 8 pieds pour un pavillon correspondant au 4 pieds).

©Ooh collective, Travail de boursette

Sources

Vosges et Orgues. -Pour mieux comprendre les termes techniques. -[réf du 31 août 2011], [en ligne], disponible sur internet : http://vosges.orgues.free.fr/lexique.htm

FOURNIER, A. -Origines de Rambervillers. -[réf du 31 août 2011], [document en ligne], disponible sur internet : http://mortagne88.fr/histoire/spv5_1880_origines_Rambervillers.pdf

Ministère de la Culture. –La route des Orgues de France. -[réf du 31 août 2011], [en ligne], disponible sur internet : http://www.culture.gouv.fr/culture/orgues/sommaire.html

JURINE, Michel. -Facteur d’Orgues. -[réf du 31 août 2011], [en ligne], disponible sur internet : http://www.orgues-micheljurine.com/harmonisation.html

Dom François BEDOS de CELLES. - L’art du facteur d’orgues. -[réf du 31 août 2011], [en ligne], disponible sur internet : http://dom-bedos.org/present.htm

Souvenir de Rambervillers. -Editions Groupe cartophile de Rambervillers, 1989

HAMEL, Marie-Pierre. -Nouveau manuel complet du facteur d'orgues ou Traité théorique et pratique de l'art de construire les orgues. -Librairie Encyclopédique de Roret, 1849

Liens utiles

Site de la ville de Rambervillers : http://www.ville-rambervillers.fr

Site Vosges et Orgues : http://vosges.orgues.free.fr