Patrimoine culturel immatériel

Le port du scapulaire à PellevoisinLe port du scapulaire à Pellevoisin

C'est quoi ?

PRIÈRE DU MATIN

Seigneur, dans le silence de ce jour naissant, je viens te demander la paix, la sagesse et la force, je veux regarder aujourd’hui le monde avec des yeux tout remplis d’amour, être patient, compréhensif, doux et sage, voir au-delà des apparences tes enfants comme tu les vois  Toi même, et ainsi ne voir que le bien en chacun. Ferme mes oreilles à toute calomnie, garde ma langue de toute malveillance ; que seules les pensées qui bénissent demeurent en mon esprit. Que je sois si bienveillant et si joyeux, que tous ceux qui m’approchent sentent ta présence ; revêts-moi de ta beauté, Seigneur, et qu’au long de ce jour je te révèle. Amen


Cierges au sanctuaire N-D de Pellevoisin © Ooh! Collective

Le scapulaire symbolise l’habit de la Vierge. Tel un format miniature de cet habit, cousu par une communauté de fidèles, il protège celui qui en est revêtu et lui fait obtenir des grâces spirituelles et corporelles.

En 1875 à Pellevoisin, petit village français de la région Centre, Estelle Faguette, jeune femme de 32 ans atteinte d’une maladie incurable, décide dans un élan de grande confiance d’écrire une lettre à la Sainte Vierge afin de lui demander sa guérison. En réponse à cette lettre déposée dans une petite reproduction de la “grotte de Lourdes” près de Pellevoisin, Marie lui apparaît à cinq reprises pour la réconforter.

Le 19 février 1876, après la cinquième visite, Estelle est guérie. De juillet à décembre, la Sainte Vierge lui apparaît de nouveau 10 fois, et fait connaître à Estelle son désir de voir les fidèles porter le scapulaire du Sacré-Cœur.

Dès 1877, la chambre d'Estelle est érigée en chapelle et les pèlerins viennent nombreux pour y prier. En 1900, le pape Léon XIII reconnaît officiellement le scapulaire du Sacré-Cœur et encourage tous les fidèles à le porter.

Estelle décède en 1929, à l’âge de 86 ans.

La guérison d'Estelle Faguette a été officiellement déclarée miraculeuse en 1983 par Mgr Paul Vignancour, Archevêque de Bourges.

Chaque année, a lieu à Pellevoisin le pèlerinage qui se termine par l’imposition du scapulaire.

Ça se passe où ?

Au sanctuaire Notre-Dame de Miséricorde, à Pellevoisin, dans l’Indre.

C'est quand ?

Le pèlerinage annuel a lieu le dernier week-end d’août :

Le samedi 

15 h : Messe en l’honneur de la Vierge Marie

16h15 : Départ pour la marche vers Montbel

16h30 : Départ à Montbel puis prière à Montbel

18h15 : Dépôts des lettres à la grotte      

18h45 : Retour de Montbel

18h45 : Repas (confessions à la tente adoration)

21h30 : Procession du Saint Sacrement dans le parc et adoration

22h30 : Adoration nocturne

Le dimanche

7h30 : Laudes à la chapelle

9h30 : Chapelet médité et chanté à l’esplanade

11h15 : Chemin de croix et confessions

12h00 : Ouverture des chaînes repas

14h30 : Présentation du message de Pellevoisin et du scapulaire

15 h: Imposition du scapulaire

15h30 : Messe solennelle

(Horaire donné à titre indicatif, sous réserve de modifications)


Le Scapulaire © Ooh! Collective

Un brin d'histoire

Histoire de Pellevoisin

Son étymologie lui viendrait de l’époque gallo-romaine, lorsque Pellevoisin était Pellivicus, signifiant le « bourg des peaux ». Il était effectivement situé à l’orée d’une importante forêt que se partageaient les bêtes sauvages. De cette époque persiste un tumulus à caractère funéraire qui s’érige au centre du bourg.

À la sortie du village, deux mottes féodales datant de l’an 1000 témoignent du passé. Sur chacune s’élevait une tour de bois destinée à la surveillance et la défense de la résidence du seigneur.

Le château du Mée est une maison forte typique du XVe siècle. Non loin de là le château de Montbel abrita la comtesse de Montbel, dame d’honneur de la Reine Marie-Antoinette, avant de devenir, suite à un mariage la propriété de La Rochefoucauld-Montbel. Le grand hôtel Notre-Dame fut construit en 1900 pour héberger les pèlerins. Il fut transformé en hôpital en 1939, puis en prison d’État, un an plus tard, pour des hommes politiques français tels que Vincent Auriol, Paul Reynaud, Marcel Dassault, Max Dormoy ou encore Georges Mandel par exemple.

Mais d’autres hommes ont marqué l’histoire de Pellevoisin. Ainsi, George Bernanos, auteur de La Joie, du Journal d'un curé de campagne ou de la Nouvelle Histoire de Mouchette, passait ses vacances dans le village durant son enfance et repose aujourd’hui dans le cimetière aux côtés de sa mère depuis 1948.

Jean Giraudoux, à qui l’on doit Ondine, La Folle de Chaillot ou encore La guerre de Troie n'aura pas lieu, est arrivé à Pellevoisin en 1890, à l’âge de 12 ans, où son père a été percepteur durant trois années. Dans les Provinciales, l’une de ses nouvelles s’intitule « Sainte Estelle ».

Histoire d’Estelle Faguette

Estelle naît près de Châlons-en-Champagne, le 12 septembre 1843.

Elle a 14 ans lorsqu’elle est placée en apprentissage chez une blanchisseuse. Chaque dimanche, elle se rend au « patronage » chez les sœurs de Saint Vincent de Paul. C’est là qu’elle est reçue « Enfant de Marie ». Chaque dimanche également, elle se rend à l’Hospice de la Charité pour visiter les malades.

En 1858, date des apparitions à Lourdes, Estelle tombe malade pour la première fois. Deux ans plus tard, à l’âge de 17 ans, elle entre au noviciat des Augustines Hospitalières de l’Hôtel Dieu de Paris. Mais une chute dans l’escalier ayant affecté gravement son genou l’oblige à quitter la vie religieuse.  

En 1865, Estelle entre au service de la famille de La Rochefoucauld jusqu’en 1875. Là, elle s’occupe des enfants et suivra la famille, de Paris au château de Montbel à Pellevoisin, dans le Berry.

Progressivement, une maladie sournoise lui provoque un long et douloureux calvaire. Le 29 août 1875, le professeur Bucquoy la déclare irrémédiablement perdue. Estelle se sent abandonnée et fatiguée. Elle prend la résolution de faire une demande à la Sainte Vierge en lui écrivant une lettre :

« O ma bonne Mère…j’ai confiance en vous, ma bonne Mère, si vous voulez vous pouvez me guérir… ».

Estelle demande à une amie, Mlle Reiter, de déposer cette lettre à la petite grotte de Notre- Dame de Lourdes que la famille de La Rochefoucauld avait fait construire dans le parc à la demande des enfants. L’état de santé d’Estelle devenant extrême, elle fut ramenée auprès de ses parents dans une maison, au centre du village de Pellevoisin, près de l’église et du cimetière.


Estelle Faguette © Sanctuaire Notre-Dame de Pellevoisin

Le 14 février 1876, le médecin déclare : « Elle n’en a plus que pour quelques heures ». Dans la nuit…Estelle raconte : « Il était minuit, c’était le 15 février, je cherchais à me reposer quand tout à coup apparut le diable au pied de mon lit. Oh que j’avais peur !...À peine était-il arrivé que la Sainte Vierge apparut de l’autre côté…et me dit doucement : « Ne crains rien, tu sais bien que tu es ma fille…Courage, prends patience, mon Fils va se laisser toucher. Tu souffriras encore cinq jours, en l’honneur des cinq plaies de mon Fils, samedi tu seras morte ou guérie. Si mon Fils te rend la vie, je veux que tu publies ma gloire ».

La paix revient désormais dans l’esprit d’Estelle. [...] Le lendemain, dans la nuit, la Sainte Vierge réapparut en regardant Estelle avec bonté et lui dit : « Mon Fils s’est laissé attendrir, il te laisse la vie, tu seras guérie samedi ». Dans la nuit du 16 au 17 [...] la Vierge Marie mentionne la lettre qu’Estelle lui avait écrite et fait déposer à la grotte de Montbel début septembre 1875 ; entre temps, six mois s’étaient écoulés. Cette lettre fut retrouvée 10 mois plus tard, par hasard, juste avant la fête de l’Immaculée Conception.

[...] Estelle est guérie dans la nuit du 18 au 19 février.

[...] La Vierge Marie apparut à Estelle quinze fois, au long de l’année 1876.

[...] Lors de la 9e apparition, c’est la révélation suprême de Marie à Estelle : celle du Cœur de son Fils reposant sur son cœur de Mère. Alors qu’elle soulève la petite pièce de laine qu’elle porte sur sa poitrine, laissant voir le Cœur de Jésus, Marie dit à Estelle: « J’aime cette dévotion » . « J’ai pensé de suite que c’était un scapulaire du Sacré-Cœur », nous dit Estelle. [...]

Le 8 décembre 1876, fête de l’Immaculée Conception, après la grand-messe, en présence de plusieurs témoins, la Vierge Marie apparaît à Estelle pour la dernière fois. Estelle raconte : [...]« La Sainte Vierge tenait son scapulaire des deux mains : il était ravissant, je l’admirais tandis qu’un parfum exquis s’exhalait de la guirlande de roses ».

[...] Dès sa guérison, Estelle reprit son travail auprès de la famille de La Rochefoucauld et, répondant à la demande de la Sainte Vierge, elle n’aura de cesse de publier la gloire de Marie à travers diverses démarches. Une archiconfrérie fut érigée en 1894. Estelle alla à Rome fin janvier 1900, où le Pape Léon XIII la reçut favorablement et ordonna par décret du 4 avril 1900 la diffusion du Scapulaire du Sacré-Cœur.

Estelle, à l’âge de 80 ans, demanda à être admise dans le Tiers-Ordre Dominicain. Elle mourut le 23 août 1929, à 86 ans. [...] »

La vie d’Estelle Faguette [en ligne]. Notre-Dame de Misécorde de Pellevoisin. Disponible sur : <http://www.pellevoisin.net/estelle/index.htm> (consulté le 27/08/2012)

Les apparitions

Au nombre de 15, elles se répartissent en trois phases :

Les cinq premières apparitions ont lieu du 14 au 19 février 1876. Elles évoquent la maladie d’Estelle, son agonie et sa guérison extraordinaire.

La deuxième phase, du 1er au 3 juillet de la même année comprend trois apparitions : la Vierge poursuit la sanctification d’Estelle.

Enfin, c’est lors de la troisième phase, qui regroupe les sept dernières apparitions du 9 septembre au 8 décembre, que la Vierge Marie révèle à ses enfants le scapulaire du Sacré-Cœur et demande à Estelle de propager cette dévotion.


Imposition du scapulaire © Ooh! Collective

Un brin de poésie

Prière à Notre-Dame de Pellevoisin

Vierge Marie,
À Cana tu as prié pour que la gloire de Jésus soit manifestée.
À Pellevoisin, à la prière d’Estelle, malade,
Tu as obtenu de ton Fils la guérison complète
De celle qui t’implorait.

Sois toujours attentive à nos demandes.
Prends dans ton cœur nos misères,
Présente-les à Jésus pour qu’Il les transforme 
Et nous fasse miséricorde.
Apprends-nous aussi à intercéder pour nos frères,
Ceux que nous aimons et ceux qui nous ont fait du mal.

Mère de Miséricorde,
À la Croix, unie à ton Fils crucifié, tu offres ta vie 
pour enfanter dans la grâce le disciple bien-aimé ;
fais de nous de vrais témoins du Christ,
par l’offrande de nos activités, de nos prières ;
fais que, revêtus de l’amour du Christ,
nous exprimions notre foi par toute notre vie.

Reine de Miséricorde,
C’est dans l’épreuve de la Croix que tu es devenue notre Mère ;
Fais que dans l’espérance, nous ne puissions jamais 
nous avouer vaincus.
Obtiens-nous cette force d’amour
qui nous permettra de lutter jusqu’au bout
pour que la victoire de Jésus soit notre victoire et notre joie.

Ô Notre Dame,
Demande pour nous le don de l’Esprit.
Qu’Il dépose ainsi dans nos cœurs
La soif de la vérité et de la sainteté,
Nous pourrons alors avec foi publier la gloire du Père. Amen.

Monseigneur Pierre Plateau


Sœur allumant un cierge © Ooh! Collective

Petit abécédaire

EXTRAIT DE LA LETTRE D’ESTELLE À LA VIERGE : « [...] Ne pourrai-je pas achever l'œuvre que j'ai commencée ? Si vous ne pouvez, à cause de mes péchés, m'obtenir une entière guérison, vous pourrez du moins m'obtenir un peu de force pour pouvoir gagner ma vie et celle de mes parents. Vous voyez, ma bonne Mère, ils sont à la veille de falloir mendier leur pain; je ne puis penser à cela sans être profondément affligée. [...] »

L’HABIT : Au XIIe siècle, le mot abit désignait le vêtement des religieux. « Prendre l’habit » signifie encore entrer dans la religion.

LA MISÉRICORDE : mot qui vient du latin misericordia, de misereri, « avoir pitié » et cor, « cœur ». Dans la religion, la miséricorde est la bonté par laquelle Dieu fait grâce aux hommes. Ce sens s’est aujourd’hui élargi et désigne de façon plus générale la compassion face à la misère d’autrui, un pardon accordé par pure bonté.

MONTBEL : château de la famille de La Rochefoucauld à Pellevoisin pour laquelle Estelle travaille jusqu’en 1875. C’est là que se trouve la petite grotte de Notre- Dame de Lourdes que la famille de La Rochefoucauld avait fait construire à la demande des enfants et dans laquelle Estelle dépose sa lettre à la Vierge.

LE PÈLERIN : Son origine provient du latin peregrinus, qui signifie « étranger ». Le pèlerin va visiter des lieux saints dans un but essentiellement religieux.

LE SANCTUAIRE : Son étymologie provient du latin sanctuarium, de sanctus, « saint ». Un sanctuaire est un lieu saint en général, mais aussi le lieu le plus saint d’un édifice religieux. D’une façon plus large,il désigne aujourd’hui un lieu protégé, pour les oiseaux par exemple, mais aussi pour les hommes soustraits aux hostilités lors d’un conflit armé.

LE SCAPULAIRE : les scapulaires symbolisent l’habit de la Vierge. Ils sont comme un format miniature de cet habit, cousu par une communauté de fidèles, et assurent pour ceux qui le portent, « de se voir gratifiés un jour d’un vêtement de lumière et de gloire pour l’éternité.

Le scapulaire est un habit qui protège celui qui en est revêtu et lui fait obtenir des grâces spirituelles et corporelles parfois qualifiées de miraculeuses. »*

LES TROIS « C » : Les trois « C » de Pellevoisin sont « courage, confiance et calme ». La Vierge visite Estelle et l’éduque à l’Amour. Lors des 15 apparitions, Marie va l’aider à surmonter sa fragilité et à être dans la confiance à l’égard de Dieu. Elle la réconforte « Courage et Confiance », « Ne crains pas, je t’aiderai ».

Sources 

GOURRIN, Matthieu, Père JEAN-ELIE. Un message marial sur la miséricorde. France Catholique, 2008, n° 3113, p. 8-11

Pellevoisin c’est…. Mairie de Pellevoisin (s.l), (s.d)

Prier avec Notre-Dame de Miséricord [en ligne]. Notre-Dame de Miséricorde de Pellevoisin.
Disponible sur : <http://www.pellevoisin.net/prieres/index.htm>

*Promesse de la Sainte Vierge faite à Saint Simon Stock [en ligne]. Site en l’honneur de Notre-Dame du mont Carmel.
Disponible sur : <http://www.scapulaire.fr/> (consulté le 27/08/2012)

Sur le talith katan :

La Mitzvah des Tsitsits [en ligne]. Lamed.fr.
Disponible sur : <http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=562> (consulté le 27/08/2012)

Tsitsit : Franges non négligeables [en ligne]. Chabad.org.
Disponible sur : <http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/1006788/jewish/Tsitsit.htm> (consulté le 27/08/2012)

KRYGIER, Rivon. La Talit – Châle de prière [en ligne]. Massorti : le judaïsme moderne.
Disponible sur : <http://www.massorti.com/Le-Talit-Chale-de-priere.html> (consulté le 27/08/2012)

Sur Sainte-Estelle de Jean Giraudoux :

JOB, André. La poétique du détail : autour de Jean Giraudoux [aperçu en ligne]. Clermont Ferrand : Presses Universitaires Blaise Pascal, 2006.
Disponible sur : <http://books.google.fr/books?id=hZJLxv5vqBgC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false> (consulté le 27/08/2012)

Liens utiles

Site officiel de la Région Centre : http://www.regioncentre.fr/jahia/Jahia/

Site du Sanctuaire Notre-Dame de Miséricorde à Pellevoisin : http://www.pellevoisin.net/

Site en l’honneur de Notre-Dame du mont Carmel : http://www.scapulaire.fr/