Patrimoine culturel immatériel

Le marché de ChambéryLe marché de Chambéry

C'est quoi ?

« Si la montagne est belle, si belle encore aujourd’hui, c’est grâce à la sueur qu’ils ont versé sur leur seule, mais précieuse richesse : la terre où ils sont nés »

«  Combien en avez-vous sauvé de la faim, de la mort, grâce à votre culture et à votre sueur, vous, tous les généreux travailleurs de cette terre nourricière » 

Monique Curtet-Evrard, fleuriste au Marché de Chambéry
Les Racines de Mon père, page 56

« De ton époque, l’arrière des Halles était réservé au marché de gros. Tu t’y rendais de bon matin à l’heure où primeurs et épiciers accouraient autour des producteurs. Les transactions ne s’éternisaient jamais, tes légumes et tes fruits de saison tout juste récoltés étaient généralement réservés d’avance et tu revenais toujours à vide. Maman, qui avait remplacé Marie, prenait le relais sur les marchés détail. » raconte Monique Curtet-Evrard, fleuriste au Marché de Chambéry dans le livre Les Racines de Mon père écrit en mémoire de son père.

Stand de Monique Curtet-Évrard au marché de Chambéry © Ooh! Collective
Stand de Monique Curtet-Évrard au marché de Chambéry © Ooh! Collective

Le marché est un lieu convivial où l’on aime se promener, humer, regarder, s’emplir des couleurs et des senteurs qui mettent l’eau à la bouche et ouvrent l’appétit. Ici, on admire, on échange, on déguste et on découvre, puis souvent, on achète, et sur le chemin du retour, on savoure d’abord par l’esprit les aliments choisis. Rentré chez soi, on les prépare avec plus de respect, comme si, l'échange avec les producteurs sur l'histoire des produits, la découverte de leur provenance ou de leur préparation leur rendait leur juste valeur et nous les mangeons avec plus de plaisir et de considération.

Sur les marchés de Chambéry, les produits proviennent en grande majorité des producteurs locaux. Muni de temps, de curiosité et de bonne humeur, on peut errer entre les étals et apprécier la région à travers les produits proposés par les artisans du terroir. On peut y découvrir les terrines de fabrication artisanale, les jambons, les saucissons secs de Savoie ou les diots, les fromages du terroir comme le reblochon, la tomme de Savoie, l’Abondance, le beaufort ou le chevrotin des Bauges, se laisser tenter par les truffes de Chambéry ou le léger gâteau de Savoie, craquer pour les confitures artisanales de framboises, de myrtilles ou les miels de fleurs de haute montagne. La région est un pays de vergers où l’altitude et le climat laissent une trace gustative légèrement acidulée aux pommes et aux poires, qui font la richesse de ce label Savoie. Les montagnes offrent du cassis, des groseilles, des framboises, des mûres et des myrtilles. Les vins de Savoie, déjà salués par Pline au 1er siècle après J.-C., accompagnent avec finesse la charcuterie ou les fromages. Les alcools aussi ont pu profiter de l’altitude, et on peut déguster une liqueur d’Edelweiss ou boire une bière brassée à l’eau des glaciers du Mont-Blanc, avec modération bien sûr.

Ça se passe où ?

Chambéry est situé en Savoie, entre les Bauges et la Chartreuse.

C'est quand ?

Jours et lieux des marchés en 2012 :

Mardi

Place de Genève et Halles (producteurs et commerces alimentaires) de 7h à 12h

Bissy (producteurs, commerces alimentaires) de 15h à 20h

Mercredi

Halles (commerces alimentaires) de 7h à 12h 

Biollay (producteurs, produits manufacturés, commerces alimentaires) de 7h à 12h

Jeudi

Hauts-de-Chambéry, rue du Pré de l'Âne (producteurs, commerces alimentaires et produits manufacturés) de 7h à 12h

Vendredi

Halles (commerces alimentaires) de 7h à 12h 

Samedi

Place de Genève (producteurs) de 7h à 12h

Halles (commerces alimentaires) de 7h à 12h 

Rue Favre/rue Saint Antoine (produits manufacturés) 7h à 12h

Place du Palais de Justice (produits manufacturés) de 7h à 19h

Place St Léger et Place de l'Hôtel de Ville (brocanteurs) uniquement 2ème samedi de chaque mois de 7h à 19h

Dimanche

Hauts-de-Chambéry, avenue d'Annecy (producteurs, commerces alimentaires, produits manufacturés) de 7h à 12h.

D’après le site de la ville de Chambéry : http://www.chambery.fr/57-foires-braderies-marches.htm

Étal de poissons dans les Halles de Chambéry © Ooh! Collective
Étal de poissons dans les Halles © Ooh! Collective

Un brin d’évasion

Houtem Jaarmarkt, foire annuelle d’hiver et marché aux bestiaux à Hautem-Saint-Liévin, Belgique

« Hautem-Saint-Liévin se trouve au sud-est de la province belge de Flandre-Orientale (à environ 40 km de Bruxelles). La foire annuelle « Houtem Jaarmarkt » a lieu au coeur de la communauté.

L’épicentre en est la grande place du village et les rues adjacentes.

Autrefois, ce genre de foire agricole n’était pas rare en Belgique. On peut même dire qu’elles étaient répandues. Toutefois, de par son envergure, sa dimension et ses références historiques, «Houtem Jaarmarkt » a de tout temps surpassé les autres manifestations. Aujourd’hui, cette foire représente le dernier grand marché de plein air de Flandre/Belgique où se pratique le commerce du bétail et des chevaux Purs Sang, ce qui en fait un événement particulier non seulement pour les communautés locales et professionnelles, mais aussi pour la région.

Houtem Jaarmarkt est une foire commerciale qui se déroule dans le village d’ Hautem-Saint-Liévin les 11 et 12 novembre. Elle peut être considérée comme l’événement le plus important de l’année, qui est fondamental pour l’identité du village et de la région.

Elle attire des centaines de marchands de bestiaux et de chevaux Purs Sang qui exposent fièrement leurs animaux en plein air. En partageant le froid et l’agitation avec ces animaux pendant deux jours et deux nuits, les participants apprécient le contact et l’interaction tant avec leurs collègues qu’avec les exploitants agricoles et les dizaines de milliers de visiteurs enthousiastes. Non seulement des acheteurs, mais une grande variété de personnes assistent à cet événement chaque année pour témoigner et vivre dans l’ambiance particulière de la tradition du commerce.

Mais Houtem Jaarmarkt est aussi une manifestation rituelle et festive majeure pour l’ensemble de la communauté locale et ses invités. Au cœur de l’événement, il y a la foire commerciale traditionnelle, mais elle est assortie de toutes sortes de divertissements. C’est l’exemple intéressant d’un petit village qui s’ouvre au monde, qui essaie de cultiver les aspects patrimoniaux d’un événement et qui accueille un nombre d’invités et de visiteurs dix fois supérieur à celui de ses habitants. »

Houtem Jaakmarkt, foire annuelle d’hiver et marché aux bestiaux à Hautem-Saint-Liévin [en ligne]. UNESCO.
Disponible sur : <http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&RL=00403> (consulté le 25/09/2012)

Un brin d'histoire

Histoire de Chambéry

Lémencum
«  Les premiers habitants de la future ville de Chambéry vivaient à l'époque romaine sur les collines environnantes comme sur le coteau de Lémenc, choisi entre autres pour sa situation stratégique de défense, le fond de la cluse chambérienne étant profondément marécageux. Un torrent descendu des Bauges, La Leysse et un autre venant de Chartreuse, l'Albanne, traversaient, en se mélangeant, la future ville de Chambéry. »

Le bourg de Chambéry est acheté par Thomas Ier, comte de Savoie en 1232 pour en faire sa capitale. Dès le XIVe siècle débute la construction d’une enceinte autour de la ville achevée plus d’un siècle après.

Paysage chambérien © Ooh! Collective
Paysage chambérien © Ooh! Collective

Le 19 février 1416, Amédée VIII est nommé premier duc de Savoie par l’empereur Sigismond. En 1453, son fils Louis fait l’acquisition du Saint-Suaire. Conservé dans un premier temps dans l’église des Franciscains, il est installé dans une châsse à la Sainte-Chapelle érigée par Amédée VIII.

Après une première annexion du Duché de Savoie au Royaume de France, le Duc Emmanuel Philibert de Savoie transfère en 1563 les institutions à Turin qui devint la nouvelle capitale de ses États. Peu après le Saint-Suaire est à son tour emmené à Turin.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la Savoie va connaître une série d’occupations françaises.

En 1600 elle capitule devant l’armée d’Henri IV. Trente ans plus tard a lieu la troisième occupation menée par Louis XIII et Richelieu, puis une quatrième à la fin du siècle, suivie 7 ans plus tard d’une cinquième....

De 1742 à 1748, la Savoie vit sous l’occupation espagnole.

Les troupes révolutionnaires françaises du général Montesquiou entrent dans la ville en 1792. Un premier rattachement à la France a lieu et Chambéry devient le chef-lieu du département du Mont Blanc. Les remparts sont alors détruits et les clos monastiques confisqués.

Le roi Victor-Emmanuel Ier de Savoie reprend possession du Duché en 1814-1815.

Le 22 avril 1860, le rattachement définitif de la Savoie à la France, décidé lors du Traité de Turin le 24 mars en compensation des interventions françaises en faveur de l’unité italienne, est confirmé par plébiscite. Chambéry devient alors chef-lieu du département de la Savoie.

La ville subit l’occupation italienne et allemande en 1942 et 1943, puis est très lourdement bombardée par les alliés en 1944. La reconstruction se fait petit à petit.

En 2010 ont lieu les réaménagements du quartier des Halles et la ville fête les 150 ans de rattachement de la Savoie à la France.

D'après les informations transmises par Monique Dacquin, et:

ISLER, François. Chambéry, La ville et ses environs. Magland : Éditions Neva, 2010, 144 p.

Étal d'un primeur au marché de Chambéry © Ooh! Collective
Étal d'un primeur au marché de Chambéry © Ooh! Collective

Un brin de poésie

Les croix qu’il y a dans les chapelles
Ont le brillant verni de l’or,
Elles reposent sur des dentelles
Qui souvent valent un trésor.

Avec ses bordures grossières,
La pauvre croix du chemin
Fait mieux voir, sur son tas de pierres
Qu’en elle, tout est simple et divin.

On n’entend jamais des cantiques
L’égayer dans son coin perdu,
Mais tout atour de ses abords rustiques,
Chantent les oiseaux du Bon Dieu.

Si l’encens des hommes manque
A la pauvre croix en bois,
Près d’elle, l’herbe pousse plus haut
Pour lui offrir l’odeur des bouquets.

Elle bénit, au loin dans la plaine,
La maison, les champs, les buissons ;
Au passant qui avance avec peine,
On la voit tendre ses deux bras.

Le Bon Dieu bénit les voyageurs ;
Montagnards, bourgeois, citadins,
Et vous tous, enfants des villages,
Respectez les croix du chemin.

Jean-Alfred Mongente dit JAM (1852-1939)

(Traduit du patois haut-savoyard) 

Bien choisir ses légumes... © Ooh! Collective
Bien choisir ses légumes... © Ooh! Collective

Petit abécédaire

LA BIERE VERTE AU GENEPI : bière brassée à l’eau des glaciers du Mont-Blanc dont la source se situe à 2074 m d’altitude. Non loin de là pousse le génépi, variété d’armoises amère et aromatique. Les brasseries du Mont Blanc fabriquent également la bière blanche, rousse ou blonde en suivant une recette originale et un procédé artisanal.

LES CROZETS : petites pâtes de sarrasin dodues, de forme carrée.

LE DIOT : petite saucisse rustique pur porc ou mi-porc, mi-bœuf. Elle se mange rissolée dans du saindoux, et mijotée avec des oignons et du vin blanc. Elle était autrefois cuite sur des sarments de vigne.

L’ÉLIXIR CHARTREUX : Digestif fabriqué par les Pères Chartreux depuis 1737, qui
selon les instructions du Manuscrit donné par le Maréchal d'Estrées en 1605, le réalisent à base de 130 plantes médicinales et aromatiques, tout en gardant la précieuse recette secrète.

LA FÉRA : poisson des grands lacs alpins, en voie de disparition au début du XXe siècle, il a été réintroduit massivement sous forme d’alevins. Il est appelé lavaret dans le lac du Bourget et ailleurs, corégone, palée, bondelle…

L’OMBLE CHEVALIER : Poisson des lacs savoyards (lac Léman, du Bourget et d’Annecy) dont la chair est d’une grande finesse. Il est souvent préparé façon meunière, au four ou au Crépy blanc.

LA TOMME DE SAVOIE : fromage de forme circulaire au lait de vache provenant presque exclusivement des races locales comme la Tarine, l’Abondance et la Montbéliarde. Elles sont nourries de foin l’hiver et d’herbe fraîche l’été, avec un complément de céréales et d’oléoprotéagineux contrôlés. Le lait une fois coagulé est découpé en grains (le décaillage), puis la pâte est brassée, moulée, pressée, égouttée, salée puis affinée pendant un à trois mois.

LA TRUFFE DE CHAMBÉRY : la célèbre truffe au chocolat fut créée pour Noël par Louis Dufour, un chocolatier de Chambéry en 1895. Son aspect irrégulier lui valut le nom de truffe faisant référence au champignon, l’or noir du Périgord.

Sources 

ISLER, François. Chambéry, La ville et ses environs. Magland : Éditions Neva, 2010, 144 p.

CURTET-EVRARD, Monique. Les racines de mon père. 2011, p. 49-50.

Ville de Chambéry [en ligne].
Disponible sur : <http://www.chambery.fr/> (consulté le 25/09/2012)

Houtem Jaakmarkt, foire annuelle d’hiver et marché aux bestiaux à Hautem-Saint-Liévin [en ligne]. UNESCO.
Disponible sur : <http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&RL=00403> (consulté le 25/09/2012)

COPPIER, Stéphane. Histoires et légendes : Chambéry [EN LIGNE] ; 123 Savoie ;
Disponible sur : <http://www.123savoie.com/article-4020-1-histoire-de-chambery.html> (consulté le 25/09/2012)

Concernant les produits régionaux 

Le crozet savoyard [en ligne]. Marmiton.
Disponible sur : <http://www.marmiton.org/magazine/tendances-gourmandes_crozets_1.aspx> (consulté le 25/09/2012)

La Fermette Annecy, Produits Naturels Régionaux [en ligne].
Disponible sur : <http://www.produits-regionaux-annecy.fr/index.php> (consulté le 25/09/2012)

Le Panier Montagnard [en ligne].
Disponible sur : <http://www.lepaniermontagnard.fr/> (consulté le 25/09/2012)

Spécialités régionales de Chambéry [en ligne]. Keldelice.
Disponible sur : <http://www.keldelice.com/guide/chambery-73000/specialites> (consulté le 25/09/2012)

Élixir végétal de la Grande-Chartreuse [en ligne]. Chartreuse.
Disponible sur : <http://www.chartreuse.fr/elixir-vegetal;fiche;5;fr.html> (consulté le 25/09/2012)

Tomme de Savoie : Indication Géographique Protégée [en ligne]. Tomme de Savoie.
Disponible sur : <http://www.tommedesavoie.fr/> (consulté le 25/09/2012)

L’origine de la Truffe [en ligne]. Neuhaus.
Disponible sur : <http://www.neuhaus.be/fr/notre-passion/connaissances/l'origine-de-la-truffe.aspx> (consulté le 25/09/2012)

Liens utiles

JUTTET, François. Chambéry du Château des ducs de Savoie à la Ville Ancienne. Chambéry : Association des Guides-Conférenciers de Chambéry, 2008, 47 p.

DACQUIN, Monique. Chambéry : promenade à travers le patrimoine. Chambéry : Société des amis du vieux Chambéry, 2008, 53 p.

VERDONI, Cécile. Savoie Chambéry : La façade occidentale de la cathédrale. Chambéry : Patrimoine restauré, [S.d]

Site de la ville de Chambéry : http://www.chambery.fr/

Site de l’Office de Tourisme de Chambéry : http://www.chambery-tourisme.com/

Site du Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes : http://www.cmtra.org/spip.php

Page de l’Atlas sonore n° 21 Voix des Alpes : http://www.cmtra.org/spip.php?rubrique352

À écouter :

VIGLIERMO, Amerigo, BETTETO COELLO, Norma, COELLO, Gino. Un temps me promenant, Voix des Alpes, CMTRA, 2011