Patrimoine culturel immatériel

Le marché aux Puces de Saint-OuenLe marché aux Puces de Saint-Ouen

C'est quoi ?

« … une foule cahote et se bouscule autour des étalages sur des lambeaux de tapis ou à même la terre, des marchands de bric-à-brac. C’est le marché aux puces, ainsi nommé parce les puces c’est la seule chose qu’on y donne pour rien. On y vend de tout et tout se vend. »
G.Torquet, Paris en huit Jours, 1922

J’ai bien la puce à l’oreille
Depuis trois ou quatre jours
Cent fois la nuit je m’éveille
Pour penser à mes amours
Parnasse des Muses, 1627

« L’histoire du commerce est celle de la communication des peuples »
Montesquieu

« L’activité pucière » fait vivre de nombreux artisans restaurateurs de toutes spécialités : ébénistes, bronziers, réparateurs de faïences, tailleurs de verre, marbriers. De plus, les cafés, restaurants, drogueries et quincailleries bénéficient également de cette manne de visiteurs attirés par le site. Ce premier marché de l’antiquité au monde attire environ 5 millions de visiteurs et est devenu l’un des plus grands sites touristiques d’Île-de-France. Certains parlent des Puces comme du plus grand grenier du monde ! En 2001, le marché aux Puces a été classé en Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager, ce qui en fait le seul site urbain classé pour son « ambiance » en France. Ce site est désormais protégé de toute destruction ou modification. »

Stand au marché Paul Bert © Ooh! Collective
Stand au marché Paul Bert © Ooh! Collective

Le Marché Paul Bert

« Le marché Paul Bert compte environ 220 stands répartis en 7 allées et on y trouve une marchandise hétéroclite, allant du mobilier Napoléon III au mobilier industriel ou des années 50 et 70, tout ceci dans un désordre bien étudié.


Entre les deux guerres, Louis Poré, propriétaire du terrain, conclut un accord avec la municipalité et aménage sommairement quelques échoppes. En 1946, la naissance du Marché Paul Bert est officialisée, avec l’arrivée de nombreux brocanteurs de Saint-Ouen, spoliés pendant la Seconde Guerre Mondiale, et qui se virent offrir un stand en dédommagement.

Aujourd’hui, les stands chargés d’objets de curiosité alternent avec des univers plus épurés, dans lesquels chaque meuble s’inscrit dans un décor mûrement réfléchi. On y trouve aussi bien une commode conservée « dans son jus », qu’un canapé savamment restauré.


Paul Bert concentre les marchands les plus avant-gardistes, ceux qui lancent les tendances. Ici, le design industriel côtoie l’art baroque et le Napoléon III, le design des années 70.


La richesse des objets, proposés souvent "dans leur jus", a fait de ce marché un lieu tendance, où de nombreuses stars viennent flâner quand les créateurs et designers viennent chercher l’inspiration. »

Marché Paul Bert [en ligne]. Le Marché aux puces de Paris / Saint–Ouen. Disponible sur : <http://www.marcheauxpuces-saintouen.com/4.aspx?sr=10> (consulté le 21/09/2012)

 

Le Marché Serpette 

Le Marché Serpette est semble-t-il, l’une des adresses préférées des stars.

« Dans les années 70, le brocanteur Alain Serpette achète cet ancien garage et aménage progressivement une centaine de stands (150 pour être exact).


Ce marché couvert devient l’un des plus florissants des Puces de Paris. Argenterie, bijoux, miroirs, arts de la table, accessoires de voyage, de nombreux antiquaires spécialisés, depuis l'Antiquité jusqu’aux années 70, s’installent à Serpette et acquièrent une notoriété internationale.

Le renouvellement régulier de la marchandise, la recherche de l’objet unique fait du Marché Serpette un carrefour incontournable des décorateurs et des professionnels français et étrangers. »

Et d’autres marchés encore…

Marché Serpette [en ligne]. Le Marche aux puces de Paris / Saint-Ouen. Disponible sur : <http://www.marcheauxpuces-saintouen.com/4.aspx?sr=13> (consulté le 21/09/2012)

Stand au marché Serpette © Ooh! Collective
Stand au marché Serpette © Ooh! Collective

Ça se passe où ?

À Saint-Ouen, où aux pieds de l’église du Vieux Saint-Ouen, sont encore cultivés des plants de vigne en souvenir de Saint-Ouen ancien village de vignerons....

C'est quand ?

Dès que l’on a besoin de rencontrer, visiter, négocier, s’évader. Il est tout de même préférable d’y venir soit un samedi entre 10h et 18h, un dimanche éventuellement après la messe, mêmes horaires que le samedi… ou piano piano, un lundi entre 10h30 et 17h30 avant le remballage.

(consultez le site http://www.marcheauxpuces-saintouen.com/1.aspx en cas de modification)

Un brin d’évasion

Le Marché du Livre Ancien et d’Occasion au Parc Georges Brassens

"Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vérifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout" (Victor Hugo), c’est autour de cette devise que se réunissent vendeurs et acheteurs, amoureux du livre et flâneurs. « Le Marché du livre ancien et d'occasion a été fondé en octobre 1987 sous les halles le long du Parc Georges Brassens. Le Marché se situe à la hauteur du 104 de la rue Brancion, dans le quinzième arrondissement de Paris. Il a lieu tous les samedis et dimanches de l'année (sans exception) de 9 heures à 18 heures. […] Le Marché Brassens (appelé ainsi par les professionnels) organise un commerce du livre ancien et d'occasion ou les collectionneurs et les lecteurs peuvent trouver des livres anciens (avant 1815), des livres épuisés des XIXe et XXe siècles et des illustrés modernes. »

Le marche Brassens [en ligne]. Paris15.fr. Disponible sur : <http://www.paris15.fr/2009/01/le-march-brassens.php> (consulté le 21/09/2012)

Partie de cartes au marché Paul Bert © Ooh! Collective
Partie de cartes au marché Paul Bert © Ooh! Collective

Un brin d'histoire

Naissance du marché aux Puces

« Un chineur inconnu s’écria un jour qu’il contemplait les étalages de ferrailles et de haillons du haut des fortifications : « Ma parole, c’est le marché aux puces !». L’expression a plu et a fait le tour de Paris...
puis le tour du monde.

À l’origine cette expression signifiait que les chiffonniers revendaient probablement la marchandise « puces comprises ».

Pourquoi le marché aux « Puces » ?

Au début du siècle, on désignait aussi ce type de marché comme « foire à la ferraille » ou « foire à la brocante ». Mais, contrairement aux marchés de Montreuil ou de Vanves, celui qui se développe Porte de Clignancourt est connu pour sa marchandise diversifiée : meubles anciens, fripes, lampes et autres objets domestiques, mais aussi de la ferraille ou encore des armes… choses dont les journalistes s’offusquent au travers de nombreux articles contribuant davantage encore à la renommée des « Puces ».

Des « fortifs » à la « zone »

Sous Louis-Philippe, Thiers ceinture Paris de fortifications : il s’agit d’une muraille défensive de 39 km de long.
Au pied des « fortifs » se trouve une zone inconstructible. Au-delà de cet endroit, appelé « la zone », étaient installées les cabanes de « l’octroi », taxe prélevée sur les marchandises entrant dans Paris. Les villages limitrophes n’y étant pas soumis proposaient des marchandises « hors taxes ».

À cette époque, Saint-Ouen produisait un vin blanc très apprécié qui échappait à « l’octroi » à condition qu’il soit consommé sur place. La ville devint alors naturellement un lieu de promenade populaire pour les Parisiens. Ce lieu, déjà attrayant, sera rendu plus pittoresque encore avec l’arrivée des premières cabanes de marchands construites entre les « fortifs », les maraîchers et les guinguettes qui bordaient Saint-Ouen.

Bouteilles anciennes © Ooh! Collective
Bouteilles anciennes © Ooh! Collective

Premières installations

Au XIXe siècle, la ville de Paris, soucieuse de l’assainissement de la capitale, repousse hors des murs les crocheteurs qui trouvaient leur butin de nuit dans les généreuses poubelles parisiennes. Ces derniers s’exilent vers la zone des fortifications pour y trier les produits de leurs fouilles.

Vers 1880, on recense dans la « zone » le début d’un marché à la ferraille, le dimanche, qui réunit une bonne centaine de marchands. Mais c’est l’année 1885 qui marque la naissance officielle du marché aux Puces. La ville de Saint-Ouen se mobilise pour assainir et sécuriser le quartier. Désormais, les puciers doivent s’acquitter d’un droit de stationnement pour exercer leur activité.

Début de la popularité à «Biffinville»

Entre 1905 et 1914, la presse réalise plusieurs reportages sur ce qu’est le « marché aux Puces ». De plus en plus de Parisiens fréquentent les Puces conformément à la tradition de la promenade du dimanche « hors les murs ».

Au même moment, de nombreuses échoppes en bois sortent de terre le long de l’avenue Michelet. Il s’agit essentiellement de marchands de frites, de guinguettes avec des jeux destinés aux enfants... pour ce qui est officiellement autorisé...

On compte 150 à 200 « biffins » (chiffonniers) qui vivent dans des baraques faites de matériaux de récupération. Un endroit que l’on appellera « Biffinville ». Après la Première Guerre mondiale, le marché est tellement fréquenté que des « gens d’affaires » auront l’idée d’acheter des terrains aux alentours de la rue des Rosiers. Ils y aménagent des rues et font venir eau et électricité dans des stands qu’ils louent très cher. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le marché aux Puces se replie sur lui-même et le négoce prend plus l’allure de marché noir pour troquer du matériel de première nécessité, introuvable ailleurs. »

Étonnez-vous à Saint-Ouen ! Panorama Touristique 2012 [en ligne]. Office de Tourisme de Saint-Ouen. Disponible sur : <http://www.st-ouen-tourisme.com/bdd_fichiers/1344604101.pdf> (consulté le 21/09/2012)

Batterie d'anciennes casseroles en cuivre © Ooh! Collective
Batterie d'anciennes casseroles en cuivre © Ooh! Collective

Un brin de poésie

Les antiquaires, sont-ils des marchands d’éternité, fort possible…Nous vous offrons à lire, un poème de Joachim du Bellay :

Espérez-vous que la postérité

Espérez-vous que la postérité
Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
Espérez-vous que l'œuvre d'une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?

Si sous le ciel fût quelque éternité,
Les monuments que je vous ai fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.

Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu'Apollon m'a bien daigné donner :
Car si le temps ta gloire ne dérobe,

Vanter te peux, quelque bas que tu sois,
D'avoir chanté, le premier des François,
L'antique honneur du peuple à longue robe.

Joachim DU BELLAY   (1522-1560)

Tiroir de plumes © Ooh! Collective
Tiroir de plumes © Ooh! Collective

Petit abécédaire

BERCEUSE : une berceuse est un fauteuil avec des patins arqués qui permet de se balancer d'avant en arrière. Vous pouvez tomber sur ce mobilier, ou un autre.

BOUDEUSE : La boudeuse est un siège en forme de divan capitonné séparé par un seul dossier, ce qui oblige deux personnes assises à se tourner le dos (XIXe).

LIT À LA TURQUE : « Le lit à la turque est un lit à trois dossiers. Les deux dossiers aux extrémités sont retournés en forme de crosse, le troisième est appliqué contre le mur. » (1)

LIT À BALDAQUIN :  « Le lit à baldaquin est caractérisé par l'utilisation d'une structure en bois, ou en métal appelée "ciel de lit", et d'une tenture qui servait à isoler partiellement ou totalement la couche du reste de la pièce. » (1)

MARCHÉ MALIK : Situé autour du marché Serpette et Paul Bert, le marché Malik qui vend aujourd’hui essentiellement des habits et accessoires neufs ou vieux, se caractérise surtout par son ambiance. Ici, dans ces petites ruelles pleines de monde, on marche difficilement en essayant de se frayer un passage parmi la foule, on est interpellé, on marchande, on regarde, on se bouscule, puis on se perd en se laissant porter là où nos pas nous mènent avant d’acheter des marrons ou un épi de maïs pour reprendre des forces.

« Le marché Malik doit son nom à un prince albanais venu s’installer à Saint-Ouen au début des années 20. Il a été aménagé sur un jardin de 3000 m² face au café Picolo. Ce jardin appartenait à M. Bourdin qui le loua à vie à Malik. Ce dernier l'utilise alors pour cultiver ses fruits et légumes. Puis il décide de suivre l’exemple de Romain Vernaison et aménage 15, 30 puis 110 stands sur ce jardin. Le "marché Malik" est né, on y vendait surtout des fripes et de vieux uniformes. » (2)

SAINT-OUEN : C’est au Haut Moyen-Âge que l’existence d’une villa royale puis d’un village est citée dans les textes. La ville tire son nom de l’évêque de Rouen d’Audoenus Dado. Après sa mort il fut sanctifié sous le nom de « Ouen » et depuis les habitants sont appelés les « Audoniens ». Une chapelle édifiée sur le lieu de sa mort est à l’origine d’un village recensé dans les biens de l’abbaye de Saint-Denis en 832. En 1285, Charles de Valois possède un manoir à Saint-Ouen dans lequel, en 1351, le roi Jean II le Bon fonde le premier ordre de chevalerie français, l’Ordre de l’Étoile. (3)

  1. Glossaire des arts décoratifs : les lits [en ligne]. Regard’antiquaire. Disponible sur : <http://regardantiquaire.canalblog.com/archives/2010/07/18/18612014.html> (consulté le 21/09/2012)

  2. Marché Malik [en ligne]. Le Marché aux puces de Paris / Saint Ouen. Disponible sur : <http://www.marcheauxpuces-saintouen.com/4.aspx?sr=8> (consulté le 21/09/2012)

  3. Étonnez-vous à Saint-Ouen ! Panorama Touristique 2012 [en ligne]. Office de Tourisme de Saint-Ouen. Disponible sur : <http://www.st-ouen-tourisme.com/bdd_fichiers/1344604101.pdf> (consulté le 21/09/2012)

Sources 

Pour les épitaphes :

  • G. Torquet et Parnasse des Muses : CHANTREAU, Sophie, REY, Alain. Sources dictionnaire des expressions et locutions. Paris : Le Robert, 2006, p.776

  • Montesquieu : Artisans : La main et l’outil. Sayat : Éditions de Borée, 2006

Étonnez-vous à Saint-Ouen ! Panorama Touristique 2012 [en ligne]. Office de Tourisme de Saint-Ouen.
Disponible sur : <http://www.st-ouen-tourisme.com/bdd_fichiers/1344604101.pdf> (consulté le 21/09/2012)

Le Marché aux puces de Paris / Saint Ouen [en ligne].
Disponible sur : <http://www.marcheauxpuces-saintouen.com/> (consulté le 21/09/2012)

Le marche Brassens [en ligne]. Paris15.fr.
Disponible sur : <http://www.paris15.fr/2009/01/le-march-brassens.php> (consulté le 21/09/2012)

Glossaire des arts décoratifs : les lits [en ligne]. Regard’antiquaire. Disponible sur : <http://regardantiquaire.canalblog.com/archives/2010/07/18/18612014.html> (consulté le 21/09/2012)

DU BELLAY, Joachim ; Expérez-vous que la postérité [en ligne]. Poésie française.
Disponible sur : <http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/joachim_du_bellay/esperez_vous_que_la_posterite.html> (consulté le 21/09/2012)

Liens utiles

FOURNOL, Luc (photog.), QUENEAU, Jacqueline. Les Puces de Paris : Saint Ouen. Paris : Les Éditions du Mécène, 2006, 144 p.

Site de l’association Serpaul (Marché  Paul Bert et Marché Serpette) : http://www.paulbert-serpette.com/

Site du Marché aux puces de Paris / Saint Ouen : http://www.marcheauxpuces-saintouen.com/

Site de l’Association d’Étude, de Promotion et d’Enseignement des Musiques Traditionnalles des Pays de France :http://aepem.com/

Site du groupe La Machine : http://www.lamachine.info/

À écouter:

La Machine, Un temps me promenant, Les Couleurs, AEPEM, 2011